Costas Montis (1914-2004) est un auteur emblématique de Chypre, nommé pour le Prix Nobel de littérature en 1984. Il est très connu pour sa prose (des recueils de nouvelles, Γκαμήλες κι άλλα διηγήματα [Chameaux et autres nouvelles] en 1939, Ταπεινή ζωή [Vie humble] en 1944, Διηγήματα [Nouvelles] en 1970, deux romans, en 1964, Κλειστές πόρτες [Les Portes closes] et Αφέντης Μπατίστας [Le Baptiste], roman de 1984), mais également pour sa poésie riche d’une dizaine de recueils.
La vie de Montis, entre Chypre et la Grèce
Montis, est né en 1914 à Famagouste et son histoire personnelle est liée à celle de Chypre, marquée dans une grande mesure par la mort et le déchirement : Il perd sa mère à l’âge de 11 ans, quelques années plus tard, à l’âge de 16 ans, deux de ses frères et son père.
Suite aux études primaires et secondaires dans l’île, il entreprend des études de Droit à Athènes et parallèlement il travaille en tant que correspondant pour le journal chypriote “Eleftheria” sous le nom d’emprunt de Kóstas Alkimos. De retour à Chypre, il trouve un emploi d’administrateur dans une compagnie minière grecque avant de devenir enseignant à l’école de comptabilité de Kyrenia. En 1942, il s’installe à Nicosie et crée avec Achilléas Lymbourides et Phivos Moussoulides le premier théâtre professionnel de Chypre, sous le titre “Lyriko” et publie, jusqu’en 1946, la revue ”The Theater”, ainsi que le journal ”Elefthera Phoni” jusqu’en 1947 avant d’intégrer le journal ”Ethnos”. En 1950, il devient secrétaire général de la Chambre de commerce de Chypre et de 1956 à 1969, il est en charge du cahier littéraire du magazine” Time of Cyprus”. En 1961, il assure la fonction de Directeur de Tourisme, fonction qu’il occupe durant 15 ans avant de prendre sa retraite en 1976. Montis meurt le 1er mars 2004 à son domicile de Nicosie. [Lapierre, 2015]
L’empreinte littéraire
Costas Montis a principalement écrit de la poésie, plus particulièrement de courts poèmes, mais aussi de la prose, des pièces de théâtre, de la critique et de la traduction. Reconnu comme une « voix littéraire de Chypre » il a été nommé pour le prix Nobel en 1984, et reconnu correspondant de l’Académie d’Athènes en 2000. Montis écrivait surtout en grec démotique et en anglais.
Les problèmes politiques, les angoisses existentielles, les variations d’humeur et les remarques se rapportant à lui-même se rencontrent, convergeant de façon abstraite, tantôt avec humour et sarcasme et tantôt avec une satire amère ou une ironie limpide, et sont résumés dans des poèmes denses, concis, comprenant deux, trois ou quatre lignes et parfois même une seule.
Έλληνες ποιητέςΕλάχιστοι μας διαβάζουνΕλάχιστοι ξέρουν τη γλώσσα μαςΜένουμε αδικαίωτοι και αχειροκρότητοιΣ’αυτή τη μακρυνή γωνιά
Όμως αντισταθμίζει που γράφουμε Ελληνικά.
Les Poètes grecsTrès peu nombreux sont ceux qui savent notre langue
Très peu nombreux ceux qui nous lisentNous vivons sans que l’on nous ait rendu justice, sans applaudissementsDans ce lieu éloigné,
Mais ceci est compensé par le fait que nous écrivons en Grec.
[Source : Montis, 1987, Ελληνες ποιητές [Les Poètes grecs], in Άπαντα α’ (Œuvres complètes, t. 1), p. 456, Lapierre, 2015]
* Photo d’introduction: Costas Montis, source FB
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