Inscrit en 2024 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, l’art de la construction en pierre sèche (xerolithia en grec) désigne la pratique consistant à construire en pierre sans utiliser de matériel liant.

Pratiqué dans plusieurs pays d’Europe, parmi eux la Grèce, la France, l’Italie, la Slovenie, la Croatie, la Suisse l’Espagne et l’Irlande, cette pratique nécessite une compréhension innée de la géométrie et de la physique, ainsi que des compétences pour manipuler les matières premières utilisées.

La construction en pierre sèche est réalisée grâce à une sélection et une disposition minutieuse des pierres afin d’assurer la stabilité à long terme de la structure et son adaptation au terrain et au climat local.

Les structures comprennent des maisons, des ponts, des piliers, des arcs, des tombes, des abris, des chemins, des caves voûtées, des ruches, des structures religieuses et des fortifications.

Pratique intrinsèquement sociale, la construction en pierre sèche favorise la cohésion sociale grâce à la collaboration et à la transmission des techniques et des connaissances correspondantes aux générations futures.

Pour les communautés concernées, les structures en pierre sèche sont une source de fierté et un facteur d’identification, étant donné leur impact visuel distinct sur les paysages locaux. Par sa nature même, l’art de la construction en pierre sèche encourage le dialogue, car les communautés travaillent ensemble pour construire, entretenir et restaurer des structures de tailles et de poids très variés.

Ce savoir-faire en Grèce est une technique ancestrale qui se retrouve dans de nombreuses régions du pays, notamment dans les îles des Cyclades, en Crète et en Épire.

Parmi les plus vieux exemples en Europe, les fortifications de l’acropole de Mycènes, sont datés de 1350 avant J.-C. Composées de massifs blocs de pierres, un type de construction appelé « murs cyclopéens », les fortifications de la cité sont caractéristiques et les mieux conservées des sites de la civilisation mycénienne.

Οutre les habitations, ces constructions servaient traditionnellement à délimiter des terres agricoles, à prévenir l’érosion des sols ou encore à abriter bergers et cultivateurs. On retrouve ainsi des terrasses, des murets et des petites cabanes appelées mitata en Crète ou koutoukia dans d’autres régions.

A noter que l’utilisation exclusive de la pierre locale permettait d’intégrer harmonieusement ces structures dans le paysage.

Notamment les Cyclades, avec des étés chauds et secs et des hivers doux, reposent sur des constructions en pierre du fait de l’abondance du matériel. Pourtant, les pierres sèches répondent non seulement à un besoin de propriété, mais aussi à un besoin de conversation esthétique avec le paysage et d’exploitation du lieu avec ses propres moyens.


L’art de la pierre sèche est encore pratiqué aujourd’hui par les agriculteurs et les artisans professionnels de la pierre. La transmission des savoir-faire traditionnels aux jeunes générations se fait par les plus anciens propriétaires de l’art (maîtres) mais aussi par des organismes d’apprentissage et de pratique organisés. Ces dernières années, cependant, sa contribution à l’organisation et à la formation des paysages et des identités a été de plus en plus soulignée au niveau international.

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M.V.

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