« Quand ce désir de peindre me prend avec une rare violence, je me demande alors si je n’écris pas de livres uniquement pour trouver des sujets d’étoffes peintes, des thèmes, un univers qui n’appartiennent qu’à moi. »

François Augiéras (1925-1972), aventurier autodidacte et atypique, nomade inspiré,  il accomplit une œuvre picturale et littéraire unique et inclassable en restant l’une des figures les plus fascinantes et scandaleuses de la littérature de son époque voire suscitant l’enthousiasme des figures intellectuelles telles que André Gide, Marguerite Yourcenar, Yves Bonnefoy.
 
Philippe Lacadée, psychanalyste, auteur de François Augiéras. L’Homme solitaire et la Voie du réel , et Marc Saboya, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Bordeaux III, nous invitent à sa découverte, mercredi 15 mars à l’Auditorium Theo Angelopoulos, à l’Institut français d’Athènes.
  
François Augiéras
 
Augiéras : l’oscillation entre génie et folie
 
Né en 1925 aux États-Unis, il était le fils d’un pianiste français célèbre, mort peu avant sa naissance.  «Je n’ai pas eu de père: je cherche l’homme, la protection de l’homme. Je n’ai pas eu de frère: je cherche les garçons de mon âge comme un puissant aimant.»  Détestant la religion chrétienne, il se rattachait aux dieux païens et il se pensait immortel.
 
La brève notice biographique qu’il écrivit lui-même pour un de ses livres s’achevait par cette phrase: «Ayant abandonné ses études à 15 ans, il tourne assez vite à une sorte de vagabondage.»
 
Il quitte l’école à l’âge de treize ans et suit des cours de dessin. En 1941, il s’inscrit dans l’ un des mouvements de jeunesse mis sur pied par le régime de Vichy, mais dès 1942 il s’en détache pour devenir acteur dans un théâtre avant de se retrouver en Algérie française. Solitaire et révolté, Augiéras multiplie les voyages, parcourant notamment l’Algérie et la Grèce, et faisant retraite au mont Athos. D’un tempérament panthéiste, Augiéras évoque ouvertement dans ses écrits l’attirance sexuelle pour tous les êtres vivants.
 
Un voyage au mont Athos, décrit comme «séjour au Pays des Esprits selon la plus stricte orthodoxie bouddhiste et pythagoricienne», sera publié en 1970. En dépit de sa défiance du christianisme, il séjourna chez des moines orthodoxes allant de monastère en monastère sur la Montagne Sainte.  Il y retrouva sa vraie identité, son véritable Moi, en approfondissant son expérience de la spiritualité et de la vie mystique, du point de vue de la sensualité. Pour Augiéras, le plaisir physique constitue par excellence la méthode par excellence de la purification de l’âme.
 
Mort à 46 ans en 1971, suite à une maladie cardiaque,  François Augiéras laisse une œuvre écrite et peinte inclassable et parfois dérangeante.
 
FotorCreated peintures
 Peintures de François Augiéras
 
Récits de voyageurs
 
De nombreux voyageurs ont relaté leur voyage au mont Athos, de Pierre Belon au XVIe siècle à Jacques Lacarrière. Sur Gallica on peut trouver les récits d’un certain nombre d’entre eux : Antonin Proust, Stanislas de Nolhac, Eugène-Melchior de Vogüé, récits parus dans les journaux de l’époque, comme Le Tour du Monde d’Edouard Charton, le Magasin Pittoresque ou la Revue des Deux-Mondes. Ces récits, parfois illustrés, constituent des documents très intéressants sur le mont Athos au XIXe siècle.
Peu de religieux catholiques sont allés au mont Athos : Deux y ont séjourné : le Père Marie-Joseph Le Guillou, dominicain, et le religieux trappiste américain Basil Pennington qui écrivit quelques livres comme Les Moines du mont Athos. ou O Holy Mountain! Journal of a Retreat on Mount Athos (Garden City, NY: Doubleday, 1978)
 
INFOS 
Avec Philippe Lacadée & Marc Saboya
Mercredi, 15.03.2017, 19h00 | Auditorium Theo Angelopoulos-IFG, Institut français d’Athènes
Entrée libre – Traduction simultanée

M.V.  

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