Le pogrom d’Istanbul (en grec moderne : Σεπτεμβριανά, « événements de septembre ») se réfère aux attaques contre les minorités ethniques locales, visant principalement les communautés grecque et arménienne, qui ont eu lieu dans la capitale turque dans la nuit du 6 -7 septembre 1955.
Istanbul (anciennement Constantinople) était la capitale de l’Empire byzantin jusqu’à la conquête ottomane en 1453. Au cours des siècles, la ville accueillait une population grecque florissante qui ne cessait de jouer un rôle important dans la vie sociale et économique des Ottomans. Empire. À la suite de l’effondrement de l’Empire ottoman et de la guerre gréco-turque (1919-1922), un accord d’échange de populations était signé entre la Grèce et la Turquie (janvier 1923), incorporé dans le Traité de Lausanne (juillet 1923). Cependant, en raison de l’importance du patriarcat œcuménique pour l’Église orthodoxe, la population grecque d’Istanbul a été spécifiquement exemptée. Les accords de Lausanne ont mis fin à une période douloureuse pour l’Hellénisme de la Turquie marquée par dix ans de conflits.
Au début des années 50, les relations gréco-turques étaient plutôt amicales; cela a commencé à changer en raison de la question chypriote.
Les évènements du septembre 1955
Dans la nuit du 6 septembre 1955, une foule organisée de manifestants à Istanbul s’est retournée contre le Patriarcat œcuménique et la minorité grecque, détruisant 1004 maisons, 5000 petites et grandes entreprises, deux cimetières, 73 églises, 23 écoles et 5 centres sportifs. Le nombre de minorités grecques forcées de quitter la Turquie en 1960 à la suite de ces événements est estimé à environ 9 000. En octobre 1961, le Premier ministre turc de l’époque, Adnan Menderes, fut jugé par un tribunal turc extraordinaire, entre autres, pour les événements des 6 et 7 septembre 1955. [Source : mfa.gr]
Des émeutiers en colère, la plupart acheminés par avance en camion dans la ville, prennent d’assaut le quartier grec d’Istanbul pendant neuf heures. Bien qu’ils n’appellent pas explicitement au meurtre de leurs victimes, plus d’une douzaine de personnes décèdent pendant ou après le pogrom, à la suite des bastonnades et des incendies volontaires. Les communautés juives et arméniennes sont elles aussi victimes d’exactions.
Les émeutes se sont éteintes à minuit avec l’intervention de l’armée turque et la déclaration de la loi martiale. L’événement qui a déclenché le pogrom était le bombardement du jardin du consulat turc à Thessalonique la veille, qui n’a causé que des dommages mineurs. Lors du procès Yassıada en 1961, des provocateurs turcs ont en fait été accusés de l’attentat.
Ces événements destructeurs ont considérablement accéléré l’émigration des Grecs de souche de Turquie, et de la région d’Istanbul en particulier. La population grecque de Turquie est passée de plus de 100 000 habitants en 1927 à environ 7 000 en 1978.
Le pogrom de 1955 et les extraditions massives de 1964 accélèrent le départ des Grecs d’Istanbul : la communauté passe de 135 000 membres avant l’attaque à moins de 3.500 aujourd’hui.
[Photo: San Simera/ ERT]
M.V.