Pythéas de Marseille était un explorateur, géographe et astronome grec du IVe siècle avant J.-C. Originaire de la cité grecque de Massalia (l’actuelle Marseille), il est célèbre pour son voyage d’exploration dans l’Atlantique Nord, jusqu’aux limites du cercle polaire arctique, et la découverte des îles britanniques, la Norvège, et l’île mystérieuse de Thulé.

Pythéas  (vers 380-310 av. J.-C.) était un marchand de Marseille, qui devint une puissance commerciale majeure en Méditerranée occidentale grâce à sa position privilégiée sur la côte méridionale de la Gaule en France.  

Fondée vers 600 av. J.-C. par des marins et des marchands grecs ioniens originaires de Phocée (d’où son appellation de « cité phocéenne »), Marseille est depuis l’Antiquité un important port de commerce et de passage. Elle connaît un essor commercial considérable pendant la période coloniale et plus particulièrement au cours du XIXe siècle, devenant une ville industrielle prospère.

Pythéas, connu pour ses talents de navigateur, d’astronome et de marin, entreprend vers 330 avant J.-C. un voyage extraordinaire. Ce voyage, l’un de premiers grands periples d’exploration en Atlantique Nord, devait l’emmener au-delà des frontières familières de la Méditerranée, vers des terres qui n’existaient jusqu’alors que dans les mythes et les légendes où, selon les mythes grecs, vivait une race de géants, connue sous le nom d’Hyperboréens.

Son périple est fascinant, et il fut le premier à décrire les îles britanniques, la mer du Nord, les phénomènes polaires et les peuples du nord de l’Europe. Pythéas est l’un des plus anciens à décrire aussi le mode de vie des populations du nord de l’Europe.

Pourtant, il existe peu de détails sur le voyage de Pythéas et son traité astronomique et géographique intitulé « De l’océan », bien connu dans l’Antiquité, n’a pas survécu et n’est révélé que partiellement par les écrits des auteurs classiques. On y trouve les plus anciennes mentions de la Bretagne, de la Grande-Bretagne et de la fameuse île de Thulé, située quelque part sur le cercle arctique.

Même si la plupart des chercheurs croient à la réalité du voyage de Pythéas, certains anciens sont méfiants, l’exemple le plus marquant étant Strabon.

La disparition du récit « De l’Océan », probablement dès le 2e siècle avant J.-C., rend complexe l’identification des raisons qui ont pu pousser Pythéas à se lancer dans un tel voyage.

Plusieurs hypothèses ont été formulées par les historiens; certaines insistent sur un motif économique, qui viserait à améliorer les voies commerciales pour les marchandises marseillaises, et à découvrir la source de l’étain et de l’ambre, deux biens précieux qui circulaient en Méditerranée. D’autres avancent un motif scientifique.

Pour autant qu’on puisse reconstituer son itinéraire, Pythéas, parti de Marseille, serait passé par le détroit de Gibraltar (appelé alors les “Colonnes d’Héraclès“), par les la côte atlantique de l’Espagne et de la Gaule (France) avant d’arriver en Grande-Bretagne, qu’il appelle Pretannia (un nom proche de Britannia). Il décrit un territoire divisé en plusieurs peuples et mentionne les mines d’étain de Cornouailles, très prisées par les marchands méditerranéens.

Au-delà de l’archipel des Orcades au nord de l’Écosse il devient difficile de reconstituer l’itinéraire de Pythéas.  Il en fait peut-être le tour et observe les différences culturelles entre les peuples du sud et du nord de l’île.

Son périple est fascinant, car il fut le premier à décrire les îles britanniques, la mer du Nord, les phénomènes polaires et les peuples du nord de l’Europe.

Pythéas continue sa route vers le nord et affirme atteindre une région qu’il nomme Thulé, située à six jours de navigation au nord de la Grande-Bretagne. Il la décrit comme la dernière de l’archipel Britannique et qu’il place sur le cercle arctique où : « le soleil ne se couche pas pendant l’été ».

Selon les chercheurs, Thulé pourrait être l’Islande (ou Norvège,Groenland  ou les îles Féroé), mais la localisation et l’identification de l’île reste un mystère tout au long de l’Antiquité et du Moyen Âge.  Selon un mythe très ancien et commun à de nombreux peuples de l’Antiquité,  le royaume de Thulé était le pays de l’autre monde, l’île d’Hyperborée, qui fut engloutie dans l’océan comme l’Atlantide, peut-être parce que ses habitants portaient ombrage aux dieux. Selon une autre légende, c’est à Thulé que  le dieu Apollon viendrait passer une partie de l’hiver.

D’après la Carta Marina, une carte géographique du XVIe siècle représentant les mers, les côtes et l’intérieur des terres des pays encerclant la mer Baltique, une île du nom de Tile (Thulé ?) se trouve au nord des îles Hébrides et Orcades, à l’Ouest de l’île Fare (îles Féroé ?) et au sud de l’Islande.

Parmi autres, Goethe (Der König in Thule, 1774) est inspiré par des légendes autours de Thulé et Gérard de Nerval a traduit de Goethe la Ballade du roi de Thulé pour la Damnation de Faust de Berlioz.

Les Grecs de l’époque de Pythéas ne connaissaient pratiquement rien de l’Europe du Nord, hormis les récits souvent fantaisistes des marchands, et Pythéas fut la première personne à fournir des informations factuelles et de première main sur cette région.

L’œuvre fut ensuite largement reproduit et apparemment étudié, analysé et débattu vigoureusement pendant au moins deux siècles. Pendant longtemps était probablement la seule source d’informations sur la Grande-Bretagne et les latitudes septentrionales. Aujourd’hui on peut admirer la statue de Pythéas par Auguste Ottin (1811-1890) sur la façade du palais de la Bourse à Marseille. 

*Photo d’introduction: La Carta Marina (Carte marine), une grande carte de la Scandinavie, 1539. La legende de la carte precise : « Carte marine et la description des terres septentrionales, de leurs merveilles, tracee avec diligence a Venise en l’an 1539 avec l’assistance genereuse du tres honorable seigneur Hieronimus Quirino ». Source: Wikimedia Commons.

Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr

Sources principales du texte:
– Jean Peyras, Les Méditerranéens et l’Atlantique dans l’Antiquité : géographies et anthropologie 2014,  [archive]
– Jacques Boulogne, Espaces et peuples septentrionaux dans les représentations mythiques des Grecs de l’Antiquité, Revue du Nord N°360-361, 2005
Jean Malye, « Pythéas », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, no 41,‎ octobre 1933.  
– Pythéas : le savant de Marseille Radio France

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M.V.

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