La prison que j’avais dans ma tête
je m’en suis délivré à bas prix
pour un paquet de cigarettes acheté
place Omònia dans un kiosque à femmes nues
maintenant je marche à peu près comme un homme libre
agitant il est vrai un peu plus que nécessaire
mon parapluie
voilà soudain que souffle un sirocco
tout mon corps se soulève
et je marche sur les toits de la ville
pourris par les pluies et l’azote
et en bas sur le fond pillé
de l’Achéron immense urne funéraire
remuant la lie des beuveries ancestrales
coulées de sperme d’huile meurtres mégots chairs décomposées
ossements des morts
empereurs antiques héros glorieux
et ma mère je m’y attendais pas
putain mais qu’est-ce qu’elle vient faire là
son idiote de belle fille dans un bordel de Benghazi
s’est mise à parler
un rat est venu lui bouffer la langue
comprenant que je n’étais pas encore des leurs
travailleur saisonnier petits boulots
éboueur
à durée déterminée
j’ai eu des soupçons parfois
et des centaines de petites aiguilles me déchiraient le cœur
pourtant je prenais grand soin d’éviter que se déchire
mon costume en chaux
et qu’en dessous apparaisse l’icône toute nue
immaculée
écrasante
l’image
la vraie
Traduction: Michel Volkovitch
Peinture: Nikos Hatjikyriakos -Ghikas , “Ulysse et Nafsika“
Le poème original en grec sur notre page facebook