T’appeler par ton nom, je ne peux plus.
Malgré tout fais-moi signe.
Car je suis seul
comme la fumée après le meurtre à l’orifice du revolver
et comme le figuier sauvage
poussant soudain dans des cendres noires d’incendie.
Comme la cuiller de la communion le soir
dans la bouche du condamné du lendemain
et comme un chêne sur un lieu d’exécutions,
je suis seul et je t’attends.
Avec mes sens tendus
comme les chats lors de l’appel de l’aubergiste.
Avec un œil dont le nerf optique
est le ciel lui-même dans un microscope
et une oreille dont le tympan n’est autre
qu’une tente abritant des Roms.
Avec des mots qui s’éparpillent épouvantés
comme les chèvres à la vue d’un train soudain,
avec aussi une âme obscure, qui pourtant voit bien des choses
comme l’œil unique, enclos dans la lentille, des horlogers
je suis seul.
Je suis seul et je t’attends.