Comme l’enfant marqué par la première expérience de solitude
Le temps et la résistance finiront par me briser le cœur
et j’aurai perdu à jamais le chemin, mon chemin
quand on me laissera sortir d’ici.
J’irai partout te chercher, dans les paysages anéantis,
dans les fragments de ce miroir-là, dans les regards gaspillés
pour retrouver à nouveau ton visage, recherchant mon cœur,
et je parlerai que cette langue qui étais jadis la nôtre,
qui était la seule chose à nous qui nous était restée,
parmi les ombres des couleurs mortes
des images mortes
quand nos nuits n’étaient que de simples épisodes,
de la grande nuit advenue il y a- combien de temps ? Comment mesurer
le temps ici,
ses intervalles lunaires ses sauts astraux,
comment mesurer mon cheminement brisé, la trajectoire
imprévisible de ton absence
dans cet inexorable vaisseau spatial
au cœur de la ville qui fut jadis la mienne
et qui maintenant est dominée par les chars d’assaut…
Chaos septuple, scellée, assiégée par la peur
Aux mille visages
les cris des incurables se calment chaque soir à cinq heures et demi
les sirènes saccagent chaque soir le silence-
les endormis chaque soir tels des morts impénétrables –
et toujours et encore, où sont tes mains ? Ta voix, où est-elle ?
Les parois vont-elles encore tenir le coup ce soir ? Où est-ceque
l’obscurité va nous envahir ?
Comment mesurer ?
Traduction: Kostas Nassikas et Démosthène Agrafiotis ‘’Anthologie de la poésie grecque 1975-2005’’ Ed. L’Harmattan
Peinture: Vasileiou Spyros ”Le Banc”
Le poème original en grec sur notre page facebook