…Eros qui fait fondre…
Anacréon
 
Tu m’as laissé tomber.
Tes visites espacées
jusqu’à zéro.
Tes phrases obscurcies,
ton regard carbonisé,
qui faisait tout fondre.
Je mets la table, aiguise mon crayon
sur la pierre de l’attente,
un bon vin réchauffe le verre,
et à la fin refroidit orphelin.
 
Tu as tardé.
Tu n’es même pas venue.
Tu as dû sentir que désormais
c’est le besoin affamé qui t’invite
et non l’adolescente confiance en soi
que tout est mots
et que tout recommence du début.
Et tu t’es tournée ailleurs
avec tes réconforts empoisonnés.
Je ne t’en veux pas.
Sorti de la passion,
vaincu en beauté,
j’ai pour compter les choses
la justice de l’acceptation.
Ce qui s’est écrit
était écrit d’avance.
Que tu te donnes à moi jusqu’à l’épuisement
de mes pensées maîtresse inépuisable.
 
Nous sommes les voyages par nous refusés.
 
Pandelis Boukalas, recueil “Verbes” (Ρήματα), Agra 2009.
Traduction: Michel Vokovitch, Source
Peinture: Dimosthenis Kokkinidis, “Couple”, 1972. Source: nikias.gr
 
Le poème original en grec sur notre page facebook
 

TAGS: Grèce | littérature | poésie | poètes