Minuit passé tout au long de ma vie
Comme dans une Voie Lactée plus basse ma tête lourde
Les hommes au visage d’argent sont endormis;
des saints
des saints
Vidés de leurs passions,
le vent souffle sur eux là-bas sans cesse
le vent souffle sur eux là-bas sans cesse
Vers le cap du Grand Cygne.
L’un fut heureux, l’autre non
L’un fut heureux, l’autre non
Et puis? Nous terminons tous égaux à la fin
Reste une salive amère et sur ton visage pas rasé
Des lettres gravées en grec luttant pour qu’ajustées l’une à l’autre
Le mot de ta vie l’unique si jamais…
Minuit passé tout au long de ma vie
Passent les voitures des pompiers,
pour quel feu entre tous.Nul ne sait.
pour quel feu entre tous.Nul ne sait.
Dans une chambre de cinq mètres sur quatre la fumée noie tout.
Seules se détachent
Ma page et la machine. Les touches
Dieu les frappe et les tourments qui ne se comptent plus vont au plafond
Le jour est proche
un instant les côtes apparaissent et verticales
Au-dessus les montagnes brunes et mauves.
En vérité c’est qu’apparemment
Je vis pour l’heure où je ne serai plus
En vérité c’est qu’apparemment
Je vis pour l’heure où je ne serai plus
Minuit passé tout au long de ma vie
Les hommes sont endormis sur le flanc, l’autre s’ouvre
Pour que tu voies monter la vie par vagues
Ton bras tendu comme celui du mort
À qui est arrachée la première vérité.
Odysseas Elytis, Les Elégies d’Oxopetra, 1991
Traduction du grec: Michel Volkovitch
Peinture: Yiorgos Mpouzianis, “Femme assise”, 1952.
Le poème original en grec sur notre page facebook