Nocturne œuvre de tissage
Déferler des lys qui dénude l’oreille et s’éparpille
Je ressens aux épaules de la vie le tressaillement qui se hâte de saisir l’œuvre
Jeunesse qui réclame encore une occasion d’éternité
Et au bon gré des vents lance sa tête avec indifférence
Il y a une poitrine où tient tout, musique qui conquiert
bouche qui s’ouvre
À une autre bouche – rouge jeu élagué du vertige
Encore un baiser et je te dirai pour quel refrain j’ai fait ainsi saigner mes silences
Encore un kilomètre et je te montrerai pourquoi je me suis lancé dans un tel panorama
Là où le sanglot s’obsède à rechercher d’autres étoiles
Fouillant à grands gestes périssables le sable qu’ont laissé
Excavé les spasmes des amours
Les ailes furent données aux secondes
Du monde part, du monde vient, dans sa paume on lit roses et fêtes
Du monde part, je suis dans ce flot, je me fie tout à son cours
Des fronts luisent, des doigts qui croient scrutent le sommeil
Mais quelle rumeur, quelle caverne est cela où on appelle la pureté
Instant horizontal de mouette au-dessus des passions, barque heureuse
refuge inattendu
Je m’en irai aux portes blanches de midi en frappant de paroles
les résurrections bleues
Et pour aller faire un tour toutes les froides îles allumeront leur chevelure
Avec des flammes innocentes et avec des galets les amoureuses mers
Je porterai plainte auprès des étés nus contre le plus sûr instant de la proue
Où joyeuse elle déchire les humides espoirs des humains simplement bons.
Odysseas Elytis, Prosanatolismoi (Orientations), 1940 (éditions Ikaros).
Traduction du grec : source
Peinture: Collage par Odysseas Elytis.
Le poème original en grec sur notre page facebook