Souvent quand je vais à pied, ne portant rien
qu’un sac à moitié plein, dans les si fraîches
et lointaines galeries de mines
un peu au-delà de l’imagination dans la grande
et pure seconde réalité
que fêtent solitaires comme toutes les bestioles cachées
ceux que le ciel foudroie dont l’injustice est mise à mort
comme un vautour dans l’imprévu fossé sans voix —
je me perds en des milliards de particules de vie sans les voir.
Plus nombreuses à chaque fois là-bas sont les fêtes
et plus nombreuses on dirait les chansons.
 
Tenant la robe de la Vierge
l’Ultime du Ciel avec des foules d’insectes dans la vue
de persistants jasmins dans la chambre nuptiale
d’autres scènes d’affection dedans
et d’autres événements étincelants
touche les rachitiques et guérit l’arthrite
masse les chevilles enflées, tendrement dépose
la vérité sur toutes les maladies
qui s’évanouissent comme d’éphémères nuages.
 
La mort elle-même lentement s’organise
le tambourin ouvre les réjouissances
et de partout la grécité monte en la poitrine
et nous parfume d’un encens indicible.
Alors s’embrasent les hymnes lumineux
nous respirons des mers dans l’étroit bénitier
nous arrachons les clous de la Croix.
À pareille heure, telle une fumée
superbe, le saint moine se dressa et dit :
«L’avenir est un œil
le passé une oreille
paysan et poète
en ont de tout pareils!
Mais l’avenir n’est guère
ce qu’on imaginait…»
 
On naît on entre dans l’énigme
on meurt on la laisse intacte.
Qu’ajouterai-je à la force du printemps?
Rempli par manque de sens
j’excelle.
Je n’ai rien d’autre à représenter
ma joie seule et seule ma tristesse
dans ce monde mortellement pris au piège
non de l’ombre ou des ténèbres
mais du fossé profond de la perspective…
 
Le temps venait de se lever.
 
Traduction: Michel Volkovitch
Peinture: Giorgos Golfinopoulos ”The Marionette Wrestlers”  
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