La douceur du jour à contrecœur
S’est mise à décliner
Midi tapant
j’erre dans les mêmes endroits rocheux
Mon présent depuis toujours
temps arrêté sur une montre de gousset
Midi tapant
pierre incandescente, chère brise,
par le ravin de la mémoire
où c’est toujours l’été
je prends un raccourci
j’arrive le premier sur le chemin
avant que l’imagination ne me tende un guet-apens
ici les balles pleuvent en sifflant
ici mes héros de films de série B
refusent obstinément de mourir
eux qui jamais n’ont passé de compromis
et jamais ne sont devenus des stars,
avec des uniformes impeccables de Sudistes
sur leurs selles rigides
désormais impropres même comme comparses
hirsutes alcooliques têtes brûlées
que tout le monde a oubliés
buvant du bourbon pour évoquer
la gloire des jours anciens,
toujours mis à prix par la logique,
ils mendient maintenant quelques travaux à la journée
avec une poignée de billets jaunis dans la poche trouée
ils me promettent résolument
de combattre pour toujours ici
pourvu que je leur fasse confiance,
même si petits marchands à la sauvette,
ils bazardent les fétiches de la nostalgie
à la fête noire de poudre
de Saint Leone,
toutes les reliques de l’Ouest
que le studio a bradées pour rien, armes, éperons,
chevaux volés, dollars troués et un piano déglingué
qu’a rouillé l’humidité.
Patrocle Leventopoulos, “Ode à Sergio Leone” éd. Gavriilidis, Athènes, 2013.
Traduction:Janine Kaminsky. Source
Peinture: Giorgos Tougias, “Abstrait”, 2011. Source
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