Je ne chanterais pas si tu ne m’avais pas aimée,
au cours de toutes ces années.
Tu m’as aimée dans le soleil d’avant l’été,
et dans le vent, et dans la neige,
je ne chanterais pas si tu ne m’avais pas aimée.

D’avoir été seulement prise dans tes bras
et d’avoir reçu le baiser de ta bouche
m’a faite belle comme un lis grand ouvert,
et mon âme en frissonne encore,
d’avoir été seulement prise dans tes bras.

Et parce qu’un jour tes yeux m’ont regardée,
de toute leur âme,
j’ai ceint avec fierté la plus haute couronne
de mon existence,
seulement parce qu’un jour tes yeux m’ont regardée.

Tu m’as aimée, et je suis née,
pour cela la vie me fut accordée.
Dans un monde où tout se défait,
ma vie connut la plénitude :
tu m’as aimée, et je suis née.

Texte: Maria Polydouri, “Ces légers gazouillis”, 1928
Traduction: Dominique Grandmontin, dans “37 poètes grecs de l’Indépendance à nos jours”, Pierre Jean Oswaldéditeur, 1972.
Photo: Maria Polydouri, circa 1920. Source: Wikimedia Commons.
  
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