[…] La plaine est lourde après la pluie. Que se rappelle
La flamme noire et droite sur le ciel gris,
Prise entre l’homme et la mémoire de l’homme,
Entre la plaie et la main qui l’infligé, épée noire ?
La plaine s’est assombrie, elle boit la pluie, le vent tombe.
Mon souffle ne suffit plus — qui va le déplacer ?
Entre la mémoire – faille – une poitrine effarouchée
Entre les ombres qui luttent pour redevenir homme et femme,
Entre le sommeil et la mort, vie stagnante.
Tes mains se sont toujours déplacées vers le sommeil de la mer
Caressant le rêve qui gagnait doucement l’araignée d’or
Entraînant la foule des astres vers le soleil,
Paupières closes, ailes repliées…
Traduction: Jacques Laccarière. Poèmes, 1933-1955, Traduction de Jacques Lacarrière et Lorand Gaspar, Poésie-Gallimard (1989)