Le sifflement traînant, tu dois l’entendre,
depuis la gorge du couloir.
Une voix d’enfant monte, s’éteint au fa ;
des doigts tremblants l’ensevelissent.
Tu dois entendre aussi des chuchotis, mouillés, étranges,
les pages nerveuses qui tournent,
le clapotis des linges
souillés.
Même si tu flottes dans les rhapsodies des magiciens,
dans les courses du drap trempé de sueur,
te voilà de nouveau inachevé ; le lieu t’empêche,
et t’encercle
un sang étranger ; manteau antique
la famille, elle semble te connaître.
Debout et les mains propres
autour de ton petit cercueil.
Les sirènes deviennent folles, le tampon sur la page bondit,
le chèque change de mains,
et un gant jaune se dresse, montrant la droite.
Regardant le Ventriloque
des personnages creusés
traînent leurs semelles
vers le ravin.
Des noms gênants retentissent,
et par eux les carnets,
avec des cris — brefs — d’indécis,
se ferment.
La nuit ne s’est pas plus tordue.
Les vêtements de l’assassin ont dû être lavés.
Tant d’eau a chanté dans leurs fibres.
Les engrenages ont toussé se sont tus
tandis que le vent, régulier jusque dans ses furies,
s’est levé pour passer l’éponge.
Tout est tranquille.
En moi seul un nœud coulant
sifflant balance.
Et ton cadavre
— qui a soubresauté, dit-on.
Il a encore changé de côté.
Traduction: Michel Volkovitch
Peinture: Giorgos Ioannidis ”Odines of the night”
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