Maria Karamessini, directrice de l’OAED, le Pôle emploi grec et Professeur en Économie du Travail et en Économie de l’État Providence a accordé une interview au journal Epohi (“Reducing unemployment is a question of principle for the Left“, 19.09.17).
Karamessini affirme dans cette interview que l’objectif principal du gouvernement est de réduire le chômage rapidement, tout en soulignant qu’ aux cours de ces deux dernières années, sans croissance, le chômage a été réduit de 1,5% par an. Elle note, également, que l’augmentation récente du nombre d’emplois est due au dynamisme du tourisme, au commerce et au transport, ainsi qu’au retour de fonctionnaires licenciés à leurs postes de travail sans oublier les autres programmes d’emploi pour le secteur public.
Dans son discours sur l’état de l’économie, il y a quelques semaines à Thessalonique, le premier ministre, Alexis Tsipras, a souligné que réduire le chômage est un objectif social et politique central pour un gouvernement de gauche. Ce but est-il réalisable?
Le droit au travail a toujours occupé une place centrale pour ce qui est des exigences du mouvement ouvrier et l’emploi à temps plein continue à faire partie intégrante du projet politique de la Gauche. En Grèce en particulier, sous les mémorandums, lorsque le chômage a provoqué de la pauvreté à une grande échelle, ces sujets avaient une place centrale au programme de Syriza. Aux débuts du premier gouvernement Syriza, la priorité était de faire face à la crise humanitaire et de soulager les couches sociales touchées. Un second objectif est maintenant en premier plan: de réduire rapidement le chômage. Avec l’aide de l’économie et les nouvelles occasions pour les postes d’emploi, le gouvernement peut fixer des objectifs réalisables concernant les taux de chômage tout en essayant d’aborder la question de la qualité de l’emploi.
Les dernières années, le Ministère de l’Emploi et OAED, le Pôle emploi grec, ont entamé des efforts pour freiner le chômage, mais jusqu’à récemment les résultats n’étaient pas visibles, et ceci car l’emploi est déterminé principalement par l’investissement et la croissance économique. Toutefois, les nouveaux programmes peuvent l’affecter, dans la mesure où ceux-ci contribuent à la création de nouveaux postes de travail et offrent des emplois à des catégories spécifiques de chômeurs que le marché n’absorbe pas, ou qu’ils disposent des revenus bas et des charges familiales lourdes. Dans le but de combattre le chômage, la pauvreté et l’exclusion sociale, ce n’est pas suffisant de laisser ces sujets aux automatismes du marché.
Comment cet effort évolue jusqu’à présent?
Ce qui est impressionnant, voire paradoxal, est que nous avions une augmentation de l’emploi de 4% en 2015-2016, quand l’économie était en stagnation. Les secteurs qui ont, par excellence, contribué à cette augmentation étaient les services de restauration, d’hébergement, de divertissement, de commerce, de la fabrication, d’administration publique et de la santé. L’agriculture, la construction, les services d’entretien ménager et le secteur financier ont contribué négativement sur le plan de l’emploi.
Les forces politiques de l’Opposition affirment que l’évolution au secteur de l’emploi est principalement due à l’augmentation du travail à temps partiel.
En effet, 50% des emplois annoncés par les employeurs dans le cadre du programme ERGANI, la base des données d’OAED, sont des emplois à temps partiel. Je ne veux pas sous-estimer ce phénomène, mais j’ai quelques réserves concernant le pourcentage actuel, parce qu’il existe du travail sous-déclaré. C’est-à-dire, afin d’éviter les amendes pour le travail non déclaré, les employeurs le sous-déclarent et ont des coûts d’assurance plus faibles. Je discute également de ce phénomène avec les services d’OAED à travers le pays et les syndicats, et nous sommes d’accord sur son extension.Nous devons noter que, d’après ELSTAT (Autorité statistique hellénique), l’emploi à temps partiel est passé de 9,3% en 2014 à 9,8% en 2016.
L’objectif officiel de réduire le taux de chômage au dessous de 20% en 2018 est réalisable?
Oui, c’est possible. Tout au long de deux dernières années, sans croissance et avec une multitude d’incertitudes, on a réduit le chômage de 1,5% par an. L’année 2016 s’est clôturée avec un taux de chômage de 23.5%, sur base annuelle. Si cette année on réussit à atteindre un taux de croissance de 1.8%, le taux de chômage connaîtra probablement une chute de deux points de pourcentage ou plus et clore à 21.5 sur base annuelle. Selon ces données, et en fonction des estimations pour des taux de croissance encore plus élevés, l’objectif de 20% peut être atteint en 2018.
Le texte en anglais sur Greek News Agenda
Photo de couverture: Diego Rivera, Mural at the Detroit Institute of Arts
Traduction: Maria Oksouzoglou