La dramaturge Loula (Angeliki-Theano) Anagnostaki (Thessalonique, 13 décembre 1931 – Athènes, 8 octobre 2017), était un personnage emblématique du théâtre grec du XXe siècle. Sœur du poète Manolis Anagnostakis (1925-2005), Loula Anagnostaki a passé les premières décennies de sa vie à Thessalonique où elle a fait des études de droit. A l’âge de 38 ans, elle s’installe à Athènes. Anagnostaki apparaît aux lettres grecques en 1965, avec La trilogie de la ville (“Passer la nuit“, “La ville”, “La parade”), présentée au Théâtre d’Art par le maître fondateur du théâtre grec contemporain Karolos Koun.
Loula Anagnostaki et Karolos Koun (1983).
La plupart de ses pièces ont été présentées aux grands théâtres d’Athènes (Théâtre d’Art – Kàrolos Koun, Théâtre national, Nouvelle scène de Leftèris Voyatzis, Théâtre Karèzi). Ses pièces ont également été diffusées sur BBC et représentées à Chypre, en Italie, en Angleterre et aux Etats-Unis. La parade a été montée à Paris en 1969 par le metteur en scène Antoine Vitez (1930-1990) avec les comédiens Colin Harris et Brigitte Jaques.
Loula Anagnostaki avec Manolis Anagnostakis.
De 1965 jusqu’à aujourd’hui, chaque nouvelle mise en scène d’une pièce d’Anagnostaki constitue un grand événement pour les passionnés du théâtre. Son écriture est moderne et directe, les dialogues simples et dramatiques révèlent des personnages complexes et fragiles dont les mondes cachés sont confrontés aux grands événements historiques. Le rapport entre la vie privée et la sphère publique, l’infiltration des mémoires collectives dans des relations personnelles, la culpabilité, la solitude et la défaite tels sont les thèmes récurrents chez Loula Anagnostaki. Ses textes sont très politiques et à la fois très humains.
Maquette de théâtre de Dionysis Fotopoulas pour “La Cassette” de Loula Anagnostaki (Théâtre d’Art – Kàrolos Koun, 1983).
Anagnostaki a écrit 12 œuvres au total, dirigées et interprétées par des grands artistes en Grèce. Titres à retenir : Passer la nuit (1965), La ville (1965), La parade (1965), Ensemble (1967), Antoine ou le message (1970), La victoire (1978), La cassette (1982), Le bruit de l’arme (1987), Diamants et blues (1991), Le voyage lointain (1996), Le ciel rouge (1998), À toi qui m’écoutes (2003).
Ses œuvres La parade, La ville et Le ciel rouge ont été publiés en français (éd. L’espace d’un instant, 2006). Outre ses pièces théâtrales, ses textes, pensées et entretiens sur le théâtre et la vie, sont inclus dans un livre intitulé Le bruit de la vie (éd. Kastaniotis, 2006).
Loula Anagnostaki, toujours cachée derrière ses lunettes noires, a passé ses dernières années enfermée chez elle, dans son appartement au centre d’Athènes. Elle a été mariée deux fois : la première avec le comédien et critique de théâtre Minas Christidis (1925-2015) et la deuxième, dans les années ’60, avec son grand “coup de foudre” selon ses propres paroles, le psychiatre, écrivain et traducteur Yorgos Chimonas (1938-Paris 2000). Anagnostaki et Chimonas ont eu un fils, l’écrivain Thanassis Chimonas (1971-).
Ecrit par Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr
Yorgos Chimonas et Loula Anagnostaki.
M.V.