Beaucoup de gens devant le Parlement grec, non pour manifester contre le Gouvernement mais pour dévorer avec leurs yeux la relève de la garde des Evzones.
 
Le terme « Evzones » se traduit par « les biens ceinturés » et tient son origine de l’époque d’Homère. Ce dernier désignait les guerriers de cette façon et ce nom représentait les régiments et bataillons d’élite de l’infanterie légère de l’armée grecque. Le tout premier régiment d’Evzones a été créé en 1912 avant d’être accompagné par 4 autres régiments, lesquels ont tous combattu durant la Première Guerre Mondiale, la campagne d’Asie Mineure et la Seconde Guerre Mondiale.  A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ces régiments ont été réorganisés, afin de devenir des unités d’infanterie modernes. Actuellement, le terme « Evzones » désigne une unité d’élite qui surveille la tombe du Soldat Inconnu devant le Parlement ainsi que le Palais présidentiel situés à Syndagma, quartier très fréquenté par les touristes qui s’y rendent pour admirer la fameuse relève de la garde ayant lieu toutes les heures. Le rôle des Evzones ne s’arrête pas là puisque chaque dimanche, ils se rendent au Rocher sacré de l’Acropole pour y hisser  le drapeau grec. De plus, ils ont le devoir d’assurer la garde d’honneur au Président de la République ainsi qu’aux chefs d’Etats étrangers.
 
 
La caractéristique principale des Evzones est leur uniforme, qui a première vue peut paraitre inhabituel pour les touristes venant les contempler. Cependant, cet uniforme à une longue histoire puisque les Evzones étant devenu le symbole du soulèvement national, après la révolution de 1821 il devient l’uniforme national de tous les chefs d’arme et combattants de la révolution. Si l’on décortique les différents accessoires présents sur l’uniforme, nous pouvons en apprendre beaucoup concernant leur importance et leur signification. L’uniforme est constitué tout d’abord d’un béret rouge que l’on appelle « fario » sur lequel est fixé un gland de soie noire, d’une chemise blanche, l’  « hypodète »,  avec de larges manches accompagnée d’un gilet ,« phermeli », brodé d’un fil blanc, noir ou doré représentant différents motifs ayant une signification importante que ce soit traditionnellement ou ethnographiquement.  Concernant le bas de l’uniforme, les Evzones portent une jupe nommée « fustanelle ».
 
Cette dernière est coupée dans 30 mètres de tissu blanc et a 400 plis représentant les 400 années d’occupation ottomane qu’a subi la Grèce. Leur jupes sont tenues par une « ceinture de galons frangés » avec des cordons aux couleurs bleu ciel et blanc(s) représentant les couleurs du drapeau national. Un ceinturon à cartouchière est aussi présent sur leurs uniformes. Sous leurs jupes, des bas de laine blanche sont visibles,  accompagnés de fixe-chaussettes noirs. L’élément indispensable des Evzones est bien sur leur sabre, qu’ils portent du côté gauche et sur lequel est accroché un pompon en soie rouge synonyme du sang versé par les Grecs pour obtenir la Liberté. Pour finir, les chaussures dites « tsarouchia » sont le dernier détail important de l’uniforme. Elément très caractéristique de l’Evzone, ces chaussures spécialement conçues pour le combat, ressemblent à des sabots et ont des semelles contenant une soixantaine de clous ainsi qu’un fer à cheval positionné au talon afin de permettre aux soldats de ne pas glisser. Un pompon noir est aussi présent sur le dessus du sabot et dans le temps, il était rapporté que ce dernier dissimulait un objet tranchant, très efficace durant les combats de corps à corps avec l’ennemi, mais qu’il permettait aussi aux soldats de garder leurs pieds au chaud durant l’hiver. Faite entièrement à la main, la paire de chaussures pèse environ 3 kilos et de nos jours, seuls trois artisans sont encore compétents pour les fabriquer. Les couleurs rouges et blanches présentes sur leurs uniformes évoquent à la fois le sang et la pureté de l’Histoire grecque. Pour élaborer un tel costume en entier et à la main, il faut compter 80 jours. Les officiers, tout comme les Evzones ont eux aussi un costume et chacun d’entre eux a un costume d’été ainsi qu’un costume d’hiver qui est de couleur sombre. Outre la tenue des Evzones et des officiers, il existe aussi la tenue typique crétoise que l’on peut admirer et qui est portée par les hommes lors de certaines cérémonies officielles. Il est donc possible de contempler à la fois un soldat typique de la Grèce continentale mais aussi un soldat typique de la Grèce insulaire.
 
FotorCreated evzones
 
En ce qui concerne les hommes portant ces uniformes, il faut savoir que ce ne sont pas des militaires de carrière mais des jeunes Grecs qui accomplissent leur service militaire obligatoire et qui pour être choisis  doivent passer par de nombreuses étapes. La règle numéro un est de mesurer au moins 1m80 et d’avoir une endurance maximale mais ce n’est pas tout, ils doivent aussi se confronter à une formation très rude surtout au niveau des conditions météorologiques et au niveau mental. Il est à noter que lorsque les Evzones enfilent leur uniforme, la parole ne leur est plus accordée et ce jusqu’à ce qu’ils l’enlèvent. C’est pourquoi, lorsqu’ils rencontrent un problème durant la garde, ils tapent discrètement leur arme sur le sol pour qu’un supérieur leur vienne en aide. Pour que la communication puisse se faire sans que le soldat n’aligne un mot, un système de clignement de paupière est mis en place : 1 clignement veut dire oui, 2 clignements veulent dire non et 3 clignements veulent dire je ne sais pas.
 
evzones acropoli
 
En Grèce, nombreux sont ceux qui affirment qu’avoir un membre de sa famille Evzone est une très grande fierté pour la famille elle-même ainsi que pour le village mais c’est aussi un honneur pour le jeune homme en question qui représente sa patrie avec beaucoup de dignité. L’un des Evzones les plus connu voire discuté  est Konstantinos Koukidis qui était chargé de garder le drapeau grec présent en haut de l’Acropole. D’ après les récits existants, c’est devenu un héros national puisque durant l’occupation allemande, un des nazis lui avait ordonné de donner aux Allemands le drapeau grec après l’avoir remplacé par la Croix gammée et Koukidis à refuser. Il a enroulé le drapeau autour de lui et s’est jeté de l’Acropole.
 
Article écrit par Magdalena Kokonezis.
 

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