Dans le paysage naturel foisonnant de l’Épire, région montagneuse au nord-ouest de la Grèce, plusieurs torrents et rivières d’eau limpide et claire créent  une atmosphère de rêve pour les amateurs des grandes montagnes. Le Pinde, le principal massif montagneux de la région, qui s’étire de la frontière albanaise jusqu’à la Thessalie au centre de la Grèce, est traversé par des rivières impressionnantes, comme l’Aoos,l’Arachtos ou le Voïdomatis, en formant, au fil du temps, des gorges verdoyantes vertigineuses, d’une dénivelée  qui dépasse parfois les milles mètres.

 
Les villages pittoresques de la région, aux maisons anciennes en pierres et aux petites ruelles pavées, sont accrochés sur les montagnes et habités par des gens qui ont depuis longtemps senti le besoin de construire des ponts pour vaincre l’isolation, se déplacer, communiquer, faire du commerce et connaître le monde.
 
Les ponts en pierre et –dans la plupart des cas- en arche, dont beaucoup ont été construits au cours du XVIII et du XIXe siècle, sont des œuvres remarquables de l’architecture populaire, d’une grande valeur esthétique avec des arches minces, des socles solides. Il s’agit du génie des maçons et des techniciens locaux, dont les ponts  portent souvent leurs noms. Ces ponts sont  faits  dans un premier temps exclusivement du bois.  
 
Toutefois, la question de la durabilité et de la résistance à la corrosion a conduit à l’usage de la pierre. En Grèce on compte aujourd’hui 1500 ponts en pierre, dont la plupart sont en Épire, et la plus ancienne date de l’époque mycénienne. 
 
En Épire, pour ce qui est de la construction des ponts les maçons utilisaient l’ardoise. Les ponts étaient montés sur un bâti de bois, en partant des deux bords, jusqu’à mettre en place la clé de voûte. Leurs arches en pierre sont très belles et épurées. La plupart des ponts n’ont qu’une ou deux arches et rarement trois ou plusieurs, comme celui de Kipi qui fait 56 mètres de long. Le choix dépendait évidemment de la largeur de la rivière. Beaucoup de ces ponts ont été construits, détruits (surtout par des grandes inondations) et à plusieurs reprises reconstruits. Il est à noter l’exemple récent de la destruction du magnifique pont de Plaka qui surplombait la rivière d’Arachtos, dont un projet de reconstruction est en cours par le ministère de la Culture. 

Μention particulière doit être faite au pont de l’Arta, disposant d’ une place primordiale dans la tradition populaire et folklorique en Grèce, par sa beauté et les traditions diverses qui l’entourent surtout par rapport aux événements pendant sa construction. Une fable locale raconte que 1 300 ouvriers, 60 apprentis et 45 maîtres maçons, sous la direction d’un maître d’œuvre, tentaient de construire le pont qui s’effondrait toutes les nuits, effondrement à l’ origine  du sacrifice de la femme du maître.

 

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