Kiki Dimoula, née à Athènes en 1931 et employée de la Banque de Grèce pendant 25 ans, est caractérisée comme la plus grande poétesse grecque contemporaine, ou la voix majeure de la poésie grecque de nos jours.
On distingue deux phases dans son parcours poétique. Dans les années ’50 et ’60, c’est la recherche d’un style personnel, tout unique. Elle publie son premier recueil de poèmes en 1952. Pendant cette période, elle est influencée par le grand poète grec Kavafy et –surtout- par son mari, le poète Athos Dimoulas, qu’elle épouse en 1954.
Dans sa notice biographique elle écrit: “Mes études supérieures: les années passées auprès du poète Athos Dimoulas. Sans lui je me serais contentée, j’en suis sûre, d’une paresse rêveuse et ignorante vers laquelle je penche encore, sagement peut-être. Je lui dois d’y avoir échappé ne serait-ce qu’en partie, je lui dois mon initiation, incomplète sans doute, à la poésie”.
Son style prend forme pendant la deuxième période, qui s’inaugure avec son cinquième recueil, Le peu du monde (1971), lui valant une première reconnaissance officielle, le Second prix d’État et une grande renommée.
Son langage audacieux, même subversif, son inventivité des images et des mots, ses décalages de ton (du noble au familier), ses jeux sonores sont tous au service de ses sujets préférés : le conflit entre l’être et le non-être, le paradoxe, le néant, la perte, la mort, la nostalgie. Tous apparaissant dans des scènes quotidiennes inattendues, où les personnages sont absents mais évoqués. ‘C’est à toi, Soudain, que je m’adresse. À toi, Soudain nourri de rêve, beau gosse, d’une bravoure folle, enfant bâtard de causes inconnues, qui préserves du Rare la rareté, montrant une granitique indifférence pour la passion lascive, douloureuse, que nourrit pour toi la Fréquence’ (extrait du Mon dernier corps). ‘Ô toutes choses vaines ne pleurez pas. Vous êtes seules en ce monde à vivre éternelleme’ (extrait du Je te salue jamais).
Cependant, la tristesse profonde chez Dimoula est soigneusement équilibrée avec un sarcasme, un humour et une vivacité émouvants. Selon son traducteur Michel Volkovitch, “les poèmes de Dimoula ne ressemblent à rien. Peu de poètes donnent cette impression de nouveauté radicale”. Le Nouvel Observateur estime que la rencontre avec la poésie de Dimoula “peut s’avérer une expérience mentale, nerveuse et spirituelle, violente, une brûlure”.
Des années riches en création poétique suivirent. Elle reçoit le Premier prix d’État en 1989 pour Je te salue Jamais et le Prix Ouranis en 1994 pour L’adolescence de l’oubli. En 2002, elle devient membre de l’Académie grecque et en 2010, la lauréate du Prix Européen de Littérature à Strasbourg (GrèceHebdo de 18.03.2010). Après cette distinction, ses recueils Mon dernier corps (éditions Arfuyen) et Le peu du monde suivi de Je te salue Jamais (Poésie/Gallimard) apparaissent en français, pour compléter une anthologie de son œuvre, des éditions L’Harmattan.
Les poèmes de Kiki Dimoula sont traduits en 8 langues.