La problématique des « soft skills » est à l’ordre du jour. Pour éclairer les jeunes sur cette réalité, l’Institut français de Grèce donnera la parole à des représentants d’entreprises, de cabinets conseil, d’universités et d’établissement scolaire lors d’une table ronde intitulée « Les soft skills, pour faire la différence sur le marché du travail », vendredi 19 février à 18h à l’Institut français de Grèce. A propos de cet évenement, GrèceHebdo a parlé avec Elisabeth Gay, Attachée de coopération scientifique et universitaire près l’Ambassade de France en Grèce, Ingénieur en Chef de la fonction publique territoriale française, ancienne Directrice du développement durable de la Région Aquitaine.
1- Qu’est-ce qu’on entend par le terme anglais « soft skills » ?
Par opposition au terme de « hard skills » qui recouvre les connaissances académiques, techniques et plus largement le savoir, les « soft skills » couvrent le champ plus large du savoir être. Celui de l’intelligence émotionnelle, de l’agilité intellectuelle, de l’intelligence pratique qui mobilise nos aptitudes de sagacité, d’habileté, de créativité. En un mot, nos compétences personnelles et interpersonnelles qui conduisent à une relation harmonieuse avec nous-même et avec les autres. D’une certaine façon, c’est la version moderne de la pensée socratique « connais-toi toi-même ». Autant dire que les « soft skills » ne sont pas un nouveau concept !
2- Pourquoi les soft skills sont de plus en plus valorisées par les recruteurs ?
Le monde d’aujourd’hui est devenu incroyablement complexe. Mondialisation, évolution rapide des technologies, émergence d’activités innovantes nécessitent désormais de nouvelles compétences. Selon l’étude réalisée par le cabinet EY, LinkedIn et le CSA, 40% des dirigeants pensent qu’un quart de leurs équipes aura un nouveau travail dans les cinq prochaines années. L’étude « The future of jobs », publiée par les organisateurs du forum économique mondial de Davos, révèle qu’en 2020, l’intelligence émotionnelle ne sera plus un atout mais un pré-requis pour les futurs dirigeants.
Les recruteurs sont naturellement à la recherche de ces personnalités qui sauront s’adapter, résoudre des problèmes complexes, faire preuve de créativité et de tact pour répondre aux nouveaux besoins du monde du travail.
Cette valorisation des soft skills par les recruteurs s’accompagne d’une profonde évolution dans les méthodes de recrutement. L’interview sur la base du CV cède progressivement la place à des mises en situation collectives pour évaluer les aptitudes comportementales.
Cette tendance avait été exprimée par les entreprises et recruteurs invités à la table-ronde sur les métiers d’avenir organisée à l’Institut français de Grèce en mars 2015.
3- La valorisation des soft skills implique un changement de perception envers les connaissances académiques ?
Il faut se garder d’une position excessive, les soft skills ne se substituent pas à l’acquisition de connaissances académiques. Elles deviendront un pré-requis au même titre que le diplôme. Il convient cependant de réfléchir à une meilleure intégration du développement personnel dans l’ingénierie pédagogique et la construction des parcours d’études. En ce sens, la mobilité internationale pour études se révèle un puissant « accélérateur » de soft skills parfaitement bien identifié par les recruteurs.
4- Quelle est la place des « soft skills » dans le système d’études en France aujourd’hui ?
En France comme en Grèce, le diplôme a encore une forte valeur symbolique. Cependant, le monde académique français a pris la mesure de ce besoin de soft skills et fait progressivement évoluer ses programmes dans ce sens.
Il convient de préciser que l’acquisition des soft skills commence à l’école dès le plus jeune âge (socialisation) et se poursuit de manière plus ciblée au collège et au lycée avec les projets de classe. Le système éducatif français, en France comme à l’étranger, est particulièrement performant dans ce domaine. D’après une enquête PISA de 2014, les jeunes français seraient d’ailleurs plus à l’aise avec la résolution pratique de problèmes courants que dans le pur exercice mathématique. La France arrive en treizième position du classement mondial après sept pays asiatiques, le Canada, l’Australie et la Finlande.
Il faut également souligner le rôle du monde associatif et quelques initiatives remarquables tel que le programme « Dream it, Do it » du réseau Ashoka pour les lycéens.
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