L’Élide (Êlis ou Hλεία / Ileía, Ilía), située à l’ouest du Péloponnèse est une région peu touristique, avec une population plutôt agricole, dotée de sites archéologiques (dont le plus connus sont l’Olympie, l’ancienne Élis et le temple d’Apollon Épicourios), ainsi que d’une nature pleine de forêts, de gorges et des cascades et des longues plages de sable. Une  nouvelle expo par Rosita Spinasa sous le titre « Road trip to the Wild West » (Kourouta, juin-octobre 2024)  met la lumière sur cette région pleine d’antithèses du Péloponnèse.

Spinasa, originaire d’Amaliada (Élide) et née à Athènes, a étudié le droit aux universités d’Athènes et de Cologne et travaille comme avocate – médiatrice. Elle a publié deux recueils de nouvelles (stomastomasto, éd. Kedros, 2017, nominé pour le prix du jeune auteur par la revue Anagnostis et  Graines à planter, 2019, éd.Kedros). Road trip to the Wild West est sa deuxième exposition photographique.

GrèceHebdo* a parlé avec Rosita Spinasa sur les caractéristiques particulières de la préfecture de l’Élide, ainsi que sur le rôle de la photographie dans la capture de souvenirs et les liens entre la littérature et la photographie.

L’exposition propose une promenade estivale dans la préfecture de lÉlide, une destination peu connue du Péloponnèse. Comment décririez-vous cet endroit à quelqu’un qui voudrait le connaître ?        

Plages de sable infinies, vieilles maisons de pierre couleur sépia, champs de maïs, tracteurs agricoles, camions de l’usine « Kyknos » avec leurs charrettes remplies de tomates rouge vif, campings avec des caravanes, entreprises artisanales et stations-service abandonnées, magiques couchers de soleil oranges : les images de l’Élide sont un mélange particulier d’une province grecque située entre l’ancien et le moderne, une province qui se distingue de préfectures voisines; il s’agit d’une combinaison paradoxale et charmante d’une nostalgie rétro d’une part et, d’autre part, d’un sentiment de vagabondage, qui rappelle le lointain, mais si familier dû au cinéma, Far West américain.

Ce n’est pas un hasard si l’Élide est située à l’ouest du Péloponnèse : entre l’Achaïe, plus urbaine et modernisée, et la Messénie, une région touristique en plein essor, elle a été laissée suivre sa propre voie de développement, plus détendue. Ainsi, ce qui la caractérise, c’est l’authenticité d’une région qui reste elle-même, assimilant le passé et le présent dans un melting-pot populaire, parfois audacieux, qui a un côté abandonné mais aussi un côté doux – très doux.

Quel est le rôle de la photographie dans l’enregistrement et la perception de souvenirs et dans la manière dont nous vivons l’expérience ?

Ce qui attire mon regard et me fait cliquer, c’est la petite image que je vois dans la diversité et le chaos de la grande image. En isolant un cadre, J’essaie de l’extraire et de le faire ressortir, créant, ou plus exactement, révélant sa beauté et son sens cachés – comme lorsqu’on trouve une pierre précieuse et qu’on la débarrasse du sol qui l’entoure.

Ce qui est remarquable et beau à mes yeux est façonné par l’intériorité ancrée dans l’espace de mes souvenirs ; des images, on dirait, d’un passé lointain et sombre, qui possède en moi le charme d’un paradis perdu. Comme l’Élide est mon lieu d’origine, j’y trouve, sans m’en rendre compte, des fragments de mon enfance.

En rassemblant de nombreuses petites images de ce type et en les mettant en ordre les unes après les autres, je reconstruis la région, créant un nouveau récit sous la forme d’un collage : les instantanés divers co-façonnent et racontent, à la fin, non seulement une histoire sur l’Elide, mais aussi ma propre histoire autours de cet endroit.

Vous êtes aussi écrivaine, voyez-vous des liens entre ces deux genres d’expression créative ?

Comme les lecteurs de mes nouvelles qui ont visité mes expositions ont été les premiers à le remarquer, mes photographies partagent un style et un rythme communs avec mes textes littéraires : elles racontent des histoires similaires. Cela est dû au fait que la création jaillit du même réservoir mental, en d’autres termes, même si les moyens expressifs sont différents (mots – photographies), le besoin et la source d’expression sont les mêmes. Ainsi, tout comme mes nouvelles se caractérisent par un mélange de cruauté et de tendresse qui, selon mes lecteurs, finit par être profondément humain, il en va de même pour mes photographies : la dureté du paysage industriel et abandonné à côté de la tendresse de l’été nostalgique et folklorique, donne éventuellement une image vivante, complète voire éclatante de la condition humaine – en fin de compte, de la vie elle-même.

* Propos recueillis par Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr

[Photos du texte: Rosita Spinasa]

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M.V.

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