MARIE-MADELEINE
Il m’a frappée dès le premier coup d’œil, je courais à tous ses sermons.
J’avais un terrain de ma tante et je l’ai vendu pour le suivre.
Et quand j’ai eu tout dépensé, j’ai décidé de vendre aussi mon
corps,
d’abord aux gens des caravanes, ensuite aux publicains ;
j’ai couché avec des Romains, des têtes dures ; et quant aux
Pharisiens, je les connais un peu…
Mais dans tout ça je n’oubliais pas ses yeux.
Pendant des mois pour lui j’ai cavalé du port au Temple
et de la ville au Mont des oliviers.
Monsieur le parfumeur, s’il vous plaît, baissez un peu pour moi vos
prix.
Ce vase d’albâtre est trop cher pour mes économies.
Il me le faut pourtant, ce mélange aux quatre parfums.
De ces parfums je baignerai ses pieds,
dans ces cheveux je sècherai ses pieds,
de ces lèvres je baiserai ses pieds si beaux, si purs.
Je sais, un tel parfum c’est trop pour le repentir,
mais pour l’amour c’est bien peu.
Et si j’embrasse un jour sa religion, ce sera par amour pour Lui ;
et si j’arrive au martyre pour Lui, c’est son amour qui m’aura
inspirée.
Car le désir, monsieur, embrase ma foi, et l’amour mon repentir
et sans doute mon nom sera symbole dans les siècles
de ceux qui ont été sauvés car ils ont beaucoup aimé.
Traduction: Michel Volkovitch
Le poème original en grec sera disponible sur notre page facebook
TAGS: 22_05_2014