Je suis tombé dans une fosse de blanc et je me suis brûlé
Cependant le poème est un fleuve
Et une humidité admirative
Je pense adoucit le silence de sa colère
Si je l’ai trahi. C’est pas ma faute, je le jure.
On a dû oublier un vase de consonnes sur l’étagère
Que j’ai atteint. Ensuite j’ai appris avec des peaux de syllabes
A fabriquer des bateaux. Petits, comme le doigt d’un enfant
Et je les jetais dans l’eau qui s’en allait-
C’est alors que j’ai compris: seule la séparation
unit les gens. Le reste
Vous la connaissez par d’autres récits. Que ça « ne revient pas en arrière »
Que « pas deux fois dans le même fleuve »* et tout ça.
On nous l’a dit, on l’a redit, comme si l’évidence
Nécessitait explication. Mais le poème
Est un fleuve de larmes étrangères. Un enfant devenu homme
Souvent je le vois qui revient vers sa source.
Et quand il gonfle
Par excès d’amour,
Il noie.
*phrase célèbre d’ Héraclite d’Ephèse
Antonis Fostieris, La pensée appartient au deuil, Athènes, 1996.
Traduction © Marie-Laure Coulmin Koutsaftis, in “Ce que signifient les Ithaques, 20 poètes grecs contemporains.” Anthologie bilingue, Éditions Biennale des Poètes en Val-de Marne, Diffusion Le Temps des Cerises, France.
Peinture: Nikos Kessanlis, “La spiaggia”, 1957. Source:nikias.gr
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