Représentant du Nouveau Cinéma Grec des années 1970 avec Théo Angelopoulos et Pantélis Voulgaris, le réalisateur Nikos Panayotopoulos se distingue par son style déconcertant, imprévisible et mystérieux. Né en 1941 et ayant effectué des études de filmologie à la Sorbonne, à Paris, où il a vécu plus de dix ans (de 1960 à 1972), Panayotopoulos tourne son premier long-métrage Les Couleurs de l’iris en 1974. Ce film est une sorte de manifeste de son cinéma caractérisé par un certain anticonformisme et une élégance de style. Le film raconte l’histoire d’un type étrange qui – portant un parapluie – interrompt le tournage d’un film publicitaire, et, après avoir été refoulé, s’enfonce tout habillé dans la mer avant de disparaître. Influencé par la Nouvelle Vague française et, comme il l’a souvent répété, par Godard, Panayotopoulos n’hésite pas à recourir à l’absurde, explorant les rapports entre le cinéma et la réalité, ainsi que les pouvoirs mystificateurs de l’image.
 
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Son film suivant, Les Fainéants de la vallée fertile (1978), inspiré du roman homonyme d’Albert Cossery, fait l’éloge de l’hédonisme et de la paresse et tant que métaphore de la lutte des classes. La scène dans la quelle on voit la gouvernante porter son maitre sur son dos, est tellement fascinante dans son absurdité. Ce film – le plus prestigieux et le plus primé de Panayotopoulos- a reçu le Léopard d’or au Festival de Locarno en 1978, l’Hugo d’argent au Festival international du film de Chicago et de prix importants au Festival de Τhessalonique (Grand prix, meilleure photo, meilleurs décors, meilleur montage, prix de la critique).
 
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En 1980, il tourne Mélodrame, histoire d’un amour inaccessible doublé d’une méditation radicale sur l’isolement, tourné en noir et blanc, sur l’île de Corfou, dans un décor pluvieux, glauque et mélancolique. L’ironie et le sarcasme de Panayotopoulos, sont aussi présents dans cette histoire d’amour, où on voit, au premier plan, un magnétophone répétant des paroles du protagoniste. Dans Variétés (1985) et La femme qui rêvait (1988), le réalisateur s’interroge sur le réel et sa représentation, sur les rapports du cinéma et de la vie. Racontant l’histoire d’un réalisateur en crise au premier film et d’une femme en mal d’amour au deuxième, Panayotopoulos poursuit une réflexion sur le rêve comme moteur de la créativité.
 
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Esprit ouvert qui aime s’expérimenter, Panayotopoulos a tourné des films de genres différents, tels que le road –movie Je rêve de mes amis en 1993 ou les films Le Célibataire (1997) et Au bout de la nuit (1999), présentant le nouveau visage de la Grèce, celui du chômage et des émigrés clandestins. Bien que les sujets de ces films soient durs, Panayotopoulos garde son regard oblique et son humour singulier. Le réalisateur a même tourné un film controversé qui pourrait être caractérisé comme un hybride de drame et de film musical. Le film Mourir à Athènes, tourné en 2006, n’a pas reçu, d’ailleurs, de critiques favorables.
 
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Tout au long de sa carrière, Panayotopoulos, a refusé de se soumettre à la réalité imposée par les cicatrices de la guerre et de la dictature, choisissant de créer une autre réalité, fantastique et transcendantale. Son œuvre est une œuvre rêveuse, élégante mais surtout libre.
 
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