Créé à l’origine comme Jardin Royal, le Jardin National au centre d’Athènes, d’une superficie totale d’environ 155 000 m², sert d’espace vert depuis l’Antiquité et est considéré comme un exemple exceptionnel de l’architecture paysagère du XIXe siècle (style anglais) et comme un monument culturel de l’Europe.
Le jardin dans l’Antiquité
La zone du Jardin National, située entre les collines de Lycabettus et d’Ardittos, était une zone verte dans l’antiquité, alimenté en eau par l’aqueduc de Pisistrate à l’époque archaïque et classique, et par l’aqueduc d’Hadrien à l’époque romaine.
Ludwig Lange, La source du Callirroi, où s’est formé le jardin, 1835. Source
Dans l’antiquité, il s’agissait d’un jardin privé, offert par le philosophe Démétrios de Phalère à son professeur, le philosophe et botaniste Théophraste, l’un des successeurs d’Aristote. Vers 600 avant J.-C., dans cette région, qui faisait partie de la zone tributaire de l’Ilisos, se trouvait le temple sacré d’Apollon lycien. À la fin de la période classique, Aristote y a installé l’école péripatéticienne, également connue comme Lycée.
Lors de la construction du métro d’Athènes, un cimetière de l’époque hellénistique et du début de l’époque romaine, une partie de l’aqueduc de Pisistrate et un grand complexe de bains romains ont été mis au jour dans la zone du jardin. Sous le jardin se trouve une partie de l’Athènes romaine avec des gymnases, des fontaines, des villas et des services publics, une partie de la ville construite par l’empereur Hadrien après les destructions causées par l’invasion de Sylla en 86 av.
Le jardin dans l’Athènes du XIXe siècle
L’histoire du jardin est liée à l’histoire plus récente d’Athènes lorsqu’elle est désignée capitale du nouvel État grec en 1834. La même année, le nouveau plan de la ville par St. Kleanthi et E. Schaubert (1833) est approuvé et la ville commence à changer considérablement.
Le palais royal d’Athènes. Lithographie de Ferdinand Stademann “Panorama von Athen”, Munich, 1841.
Le jardin a commencé à prendre sa forme actuelle en 1839 sous le règne d’Othon (1832 – 1862) à l’initiative de la reine Amalia d’Oldenbourg dont la vision était de créer le premier jardin scientifique et botanique de Grèce.
La reine Amalia dans le jardin. Lithographie de Franz Hanfstaengl, d’après une peinture à l’huile d’Ernst Rietschel, vers 1855. Source: Musée historique national, Athènes/ Wikimedia Commons.
En 1836, le roi Othon charge l’architecte bavarois Friedrich von Gärtner, directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Munich, de construire un palais pour abriter la famille royale.
Pendant la construction des palais royaux sur la colline de Boubounistra à Syntagma (devenu le siège du Parlement grec depuis 1929), les premiers plans pour la création d’un jardin royal sont mis en place par von Gärtner sur une superficie d’environ 500 acres. Le jardin a été également proposé par l’architecte Ludwig Lange et le lieutenant du Corps des Ingénieurs de l’Armée, Hoch.
Plans du Jardin par Friedrich von Gärtner (à gauche) et Hoch (à jardins), années 1830. Source
Après l’arrivée d’Amalia à Athènes en 1839, plusieurs agronomes furent chargés de surveiller et de fouiller les premières parties du jardin (tels que Smarat et Friedrich Schmidt), tandis qu’en 1847, l’architecte – paysagiste français François Louis Bareaud fut chargé de la conception du jardin, dont il dessina le réseau d’allées et détermina la forme et la position des éléments décoratifs, des petits bâtiments, des plans d’eau et des enclos.
Le plan du jardin dessiné par Bareaud, une lithographie en couleur intitulée « Plan du jardin royal à Athènes » est conservé à Munich (au musée de la commune d’Ottobrunn).
Plan du jardin Royal, où sont capturées toutes ses caractéristiques morphologiques (sentiers, bassins, pergolas, plantes etc.), attribué à François-Louis Bareaud, vers 1848. Source
L’architecte de jardin bavarois Eduard von Riedel est chargé de plans du jardin en 1848 en collaboration avec l’architecte athénien Panagios Vretos-Kalkos, toujours sous la supervision personnelle d’Amalia.
Le jardin royal a été aménagé selon les principes du style anglais du XVIIIe siècle, probablement d’après le modèle des jardins de Munich, créés en 1789, selon le même style, avec des ponts, des bancs, des pergolas, des grottes, des petits pavillons et même si les travaux sont achevés en 1852, le jardin a continué à être enrichi jusqu’en 1882.
Le jardin vers 1860. Source
Changements d’usage : le Jardin Royal devient Jardin National
Le jardin, jusqu’en 1854, était exclusivement réservé à l’usage de la cour royale, tandis qu’au début du XXe siècle, le jardin était ouvert au public deux fois par semaine. Après 1923, est ouvert quotidiennement au public et, en 1927, à l’époque de la régence, le jardin est rebaptisé Jardin National.
Les fleuristes en plein air du Jardin, les piétons et les evzones, début des années 1920. Source
Au fil du temps, une série de bustes en marbre ont été placés dans le jardin, les premiers étant ceux de Ioannis Kapodistrias et du philhellène suisse Jean-Gabriel Eynard en 1866, œuvres du sculpteur Ioannis Kossos (1822-1873).
Après l’expulsion d’Othon en octobre 1862, le couple royal quitte le pays, soulevant cependant des demandes de compensation pour la construction du palais et du jardin..
Durant les événements Dekemvrianá (Athènes, 3 décembre 1944 – 11 janvier 1945), une série d’affrontements entre la Résistance grecque et l’armée britannique, le jardin devient un cimetière.
Dans les années 1950, pendant une courte période, un théâtre en plein air a également été ouvert dans le jardin. En 1984, dans le cadre d’un effort plus général de réaménagement du jardin, un musée botanique a été ouvert dans le petit bâtiment élégant de deux étages construit par Ernest Ziller pour le roi George.
L’entrée du Théâtre sur l’avenue Amalia, vers 1966. Source
Le jardin compte également quelques petits bâtiments très particuliers, comme l’ancien bureau du roi Georges Ι, datant de 1875 (œuvre d’Ernst Ziller), qui abrite aujourd’hui le musée botanique, l’ancien pavillon royal de la chasse – conçu aussi par Ziller, qui abrite actuellement la bibliothèque pour enfants la pépinière, l’ancien serre, les bureaux de l’administration, la cave – chambre froide du palais, où se trouvent aujourd’hui les toilettes publiques du jardin et les écuries royales, où se trouve depuis 1984 le café du jardin.
Aujourd’hui, ce parc de 155 000 m² abrite plus de 7 000 arbres et 40 000 arbustes, ainsi que plusieurs espèces d’oiseaux, de poissons, de canards et de tortues. La pépinière du jardin est considérée comme la première serre de la Grèce moderne. Les jeunes arbres y poussent, puis sont replantés dans le parc. Au total, le jardin abrite environ 500 espèces végétales, dont 100 sont originaires de Grèce, tandis que les autres proviennent du monde entier. Le jardin est ouvert au public tous les jours, du lever au coucher du soleil, ayant sept entrées (une par l’avenue Vassilissis Sophia, trois par la rue Irodou Attikou, deux par Zappeion et une par l’avenue Vassilissis Amalias).
Le Jardin, source: CityOfAthens.gr.
* Photo d’introduction: Même lorsque le Jardin n’était pas ouvert au public, certaines familles athéniennes célèbres étaient autorisées à le visiter à certains jours / heures. Photo: Membres de la famille Dragoumis dans le Jardin vers 1890 (Source : Musée historique national). © Livre “Avenue Vasilissis Sofia” par K. Chatziotis, 2022)
Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr
SOURCES PRINCIPALES DU TEXTE
Fondation du Parlement hellénique– Στης Βουλής τα Πέριξ, Το μνημείο του Άγνωστου Στρατιώτη και ο Εθνικός Κήπος
Planning and development of the National Garden of Athens, Georgia (Zetta) Antonopoulou and Maria Daniil (2011)
Les jardins d’Athènes au temps d’Otton (1834-1862), Monumenta
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M.V.