La Grèce, pays d’Epicharme et d’Aristophane, est le pays natal de la comédie. (‘’Komodia’’ en grec ancien). Toutefois, le genre dont on parle ici, c’est le fruit d’une période tout-à-fait différente, celle de l’après-guerre. Genre méconnu à l’étranger par rapport à la «Commedia a l’Italiana» qui connaît à la même époque un grand essor grâce aux films de Monicelli, de Germi, de Risi et de Comencini et les interprétations, entre autres, de Gassman, de Sordi et de Mastroianni, la «Komodia néo-hellénique» apporte ses propres fruits remarquables en imposant ses stars.
Cette floraison du genre coïncide avec une période d’intenses transformations pour la société grecque (émigration, exode rural, industrialisation, urbanisation, mais aussi répression systématique pour les communistes, perdants de la guerre civile). Le cinéma pourtant, étroitement surveillé par les vainqueurs de cette guerre fratricide, n’arrive pas à en faire état de façon réaliste. De plus, la psychologie collective, après une décennie d’énormes souffrances, tourne ses exigences vers un cinéma plus léger et insouciant.
Dans ce contexte, apparaissent les grands comédiens grecs, tels que Logothetidis, Avlonitis, Vasiliadou, Fotopoulos, Stavridis, Vegos et Macris etc. Il s’agit des acteurs autodidactes qui incarnent des types réels de la vie quotidienne disposant d’une mimétique extraordinaire et spontanée qui pousse les spectateurs de tout âge massivement aux salles du grand écran.
Force est de constater ici que le lien entre cinéma et théâtre fut très fort. Les scénaristes-réalisateurs des films étaient bien souvent aussi les dramaturges et metteurs en scène des pièces qu’ils adaptaient eux-mêmes à l’écran (Sakelarios, Tzavelas, Tsiforos etc.). Dans les salles du théâtre, le grand public applaudissait de près ses stars préférés qui lui rassemblait tellement. Quant aux scenarios, les malentendus et la pharse sont à l’ordre du jour, ainsi que l’amour qui triomphe de toutes les difficultés, ou le destin qui décide toujours à la fin en faveur des protagonistes par le biais d’une loterie, d’un héritage, ou d’un don.
Ce n’est pas un hasard si le fameux critique français, Georges Sadoul, lorsqu’il découvre cette génération des comédiens terribles de près, pendant une visite à Athènes, il affirme qu’en France entière, seul un Fernandel pourrait être à leur hauteur. C’est le même critique d’ ailleurs qui cite le film La fausse livre d’or de Georges Tzavellas (vidéo), film à sketches (1955), parmi les grands films du cinéma mondial. D’autres titres à retenir à titre indicatif : Jaloux comme un tigre, On ne vit qu’une seule fois (vidéo), Et la femme craindra son mari (vidéo) du même réalisateur, Demoiselle de 39 ans, La tante de Chicago d’Alekos Sakelarios, Viens voir ton oncle de Nikos Tsiforos etc.
Le déclin du genre est dû au changement du contexte social dans les années ’60 ou le musical et les films à caractère mélodramatique ou «social» prennent le pas sur la comédie. L’invasion de la télévision dans les années ’70 ne fait qu’accentuer ce déclin. Mais c’est précisément par le biais de ce nouveau moyen que les comédiens grecs passent aux générations suivantes qui restent jusqu’à aujourd’hui admiratives envers ces «enfants terribles» du spectacle.
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