Yorgos Ioannou, enseignant de grec ancien dans des lycées de province, mais aussi philosophe, écrivain et poète, est né à Thessalonique en 1927, de parents réfugiés de Thrace orientale. Il est enlevé dans la pauvreté, nourri de récits et de légendes évoquant les ‘patries perdues’ de l’Asie Mineure. Sa jeunesse est marquée par la 2ème Guerre mondiale, l’occupation nazie et la guerre civile. Le titre de son premier recueil de poèmes, Héliotropes, paru en 1954, renvoi d’ailleurs aux étoiles jaunes portées par les juifs pendant l’occupation. On y découvre un poète à voix basse, sur lequel pèse un sentiment de culpabilité indéfini. En 1964, il publie un deuxième recueil de poèmes, Milles Arbres, de nouveau caractérisé par un dialogue interne et des impasses existentielles.
 
ioannouli2Il s’est vite consacré à la prose, à la recherche d’ ”une forme polyptyque, qui serait capable d’englober […] son imagination et ses souvenirs, son scientisme et sa perspicacité, la libre association de ses idée” comme il écrit dans La capitale des réfugiés. Ses premiers récits, Par amour propre (1964), Le sarcophage (1971), Le seul héritage (1974), lui ont conféré une place importante parmi les prosateurs de la deuxième génération d’après-guerre. Il associe l’autobiographie avec la mémoire collective dans une écriture confessionnelle, un style narratif particulier sans l’élément de la fiction. À ces attributs vient s’ajouter, dans les livres Notre propre sang (1978), Douleur du Vendredi saint (1980) et La capitale des réfugiés (1984), un intérêt persistant pour l’histoire et la topographie de Thessalonique – remplacée, plus tard, par le centre d’Athènes. 
 
ioannou livreIoannou a également publié des essaies, des études sur la tradition folklorique grecque et le théâtre d’ombres traditionnel Karagiozis, (voir Grèce Hebdo no 126), deux pièces de théâtre (L’oeuf de la poule, 1980 et La Grande Ourse, 1981) et plusieurs articles journalistiques. Il a fait des traductions du grec ancien et il a – à lui seul – écrit, imprimé et mis en circulation le magazine littéraire Philadio de 1978 jusqu’à sa mort, en 1985.
 
Trois de ses livres (Le sarcophage, Le seul héritage et Douleur de Vendredi saint) et un récit (“Ses marques sur mon corps”, pris de Notre propre sang) ont été traduits en français.
 
En 1980, Ioannou a reçu le Prix National de Littérature pour Notre propre sang.