Une rétrospective des images de Robert McCabe au Musée de l’Acropole sous le titre  “Χαίρε Ξένε. Au pays des rêves” du 28 mai au 8 septembre 2024, ramène les visiteurs dans la vie quotidienne d’après-guerre en Grèce, les habitudes, le mode de vie et les espoirs d’un avenir meilleur.

Il s’agit d’une expo unique sur la « période grecque » de McCabe (1934-) avec une centaine de photographies qui visent à mettre en valeur l’authenticité, la culture, l’histoire, la beauté et les gens de la vie quotidienne dans la Grèce des années ΄50 à travers les yeux de l’artiste américain.

A l’occasion de l’exposition (gratuite pour les visiteurs), organisée par le ministère du Tourisme, l’Organisation nationale grecque du tourisme et le Musée de l’Acropole, rappelons la relation du grand photographe américainavec la Grèce qui remonte à la découverte du pays en 1954.

Pour Robert McCabe (1934-) un voyage en Grèce avec son frère en 1954 sera le moment déterminant. Immédiatement captivés par le pays, les frères annulent leur itinéraire prévu (qui comprenait l’Égypte, l’Italie et la France) et ce qui était initialement censé être un voyage de deux semaines, devient un été entier.

Le jeune Robert se retrouve alors dans une Grèce qui peine à trouver son rythme, laborieuse, soucieuse de l’avenir, alors que le tourisme vient de naître, montrant peu à peu ses perspectives.

L’arrivée de McCabe en Grèce a coïncidé avec la reprise du pays après la Seconde Guerre mondiale et la guerre civile qui a suivi. Bien que le « miracle économique » – une période de croissance économique rapide et soutenue qui a duré jusqu’au début des années 1970 – était déjà en cours, le pays en était encore aux premiers stades de cette transformation et restait relativement appauvri :

« … il y avait beaucoup de choses intéressantes à photographier que je n’avais jamais vues auparavant : des ânes pour le transport de gens et de marchandises. Des femmes faisant leur lessive dans les rivières. Des enfants ramènent chez eux de l’eau de la source du village. Vieux navires transportant des marchandises et des passagers vers les îles. Tous très photogéniques et intéressants. » [Source]

Ce premier voyage marque le début d’une histoire d’amour profonde et durable qui façonnera la pratique photographique de McCabe. Il retourne en Grèce l’année suivante, puis à nouveau en 1957 en mission de National Geographic, et au cours de la décennie qui a suivi, a consacré de plus en plus de temps à documenter le visage du pays en constante évolution.

“Je me souviens que l’une des choses que je voulais faire en arrivant à Athènes était une visite à l’Acropole. Je savais que pour les locaux, cela semblait ennuyeux et étrange. Une fois arrivé à son rocher, j’ai réalisé les possibilités photographiques infinies à portée de main. On peut l’immortaliser de multiples façons selon le moment, l’heure et la saison qui s’y trouvera.” [Source]

Ses images grecques ont été exposées pour la première fois en 1954 et 1955 à la bibliothèque Firestone de l’Université de Princeton et depuis, il a exposé son travail dans des lieux et institutions importants à New York, Boston, Londres, Paris, Bruxelles et dans de nombreux villes en Grèce.

En 1965, son lien avec le pays s’est encore approfondi, ou comme il le décrit si éloquemment “l’évolution de ma relation avec la Grèce est devenue une révolution”, lorsqu’il épousa l’Athénienne Dina Filippeou et se sont installés à Patmos.

Robert McCabe a fait de la Grèce sa deuxième patrie ayant même  obtenu la citoyenneté grecque honoraire en 2020.

*Photo d’introduction: Santorin, au port de Fira, début des années 1960

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M.V.