Le 1er mai, journée internationale des travailleurs, célébrée dans de nombreux pays du monde, tire son origine des combats du mouvement ouvrier aux États-Unis à la fin du xixe siècle et des événements de Chicago en 1886. En Grèce, les premiers mouvements de travailleurs sont liés aux mines de Roux- Serpieri à Lavrion (première grève au sein de l’Etat helladique en 1871) et à la culture du tabac vers le nord du pays qui se trouve à l’époque sous le joug ottoman. En mai 1888 dans la ville de Drama, une grève est organisée par les cultivateurs de tabac qui exigeaient dix heures de travail journalier au moment où les heures de travail se situaient entre douze et treize par jour. Quelques ans plus tard, les premières manifestations pour la célébration du 1er mai ont lieu en Grèce.
1892-1894 : revendiquons la date
Une première petite mobilisation se produit le 1er mai 1892 organisée par l’Association Socialiste du crétois Stavros Kallergis (1865-1926). En 1893, la démarche se répète. Εnviron 2.000 personnes se sont rassemblées au stade panathénaïque d’Athènes en réclamant huit heures de travail, l’instauration du dimanche comme jour de repos et des indemnités allouées par l’État aux victimes d’accidents du travail.
Les manifestants ont adopté une résolution présentée par la suite au président du Parlement grec. Pourtant, celui-ci a refusé de l’accepter en suscitant la réaction de Kallergis et de ses camarades qui s’ arrêtent par la police et se trouvent condamnés à 10 jours d’emprisonnement. Libéré par la suite, Kallergis se fuit à Paris où il fait la connaissance du parlementaire socialiste Jean Jaurès, du théoricien du communisme libertaire Pierre Kropotkine, ainsi que de l’écrivain Émile Zola. De retour en Grèce en 1895, Kallergis s’installe en Crète.
1911 : la grande manifestation de la Fédération à Thessalonique
En 1911, la Fédération de Thessalonique entreprend l’organisation de la fête du travail à Thessalonique. Une grande manifestation aura lieu, avec la participation de 6.000 personnes. Les forces de police interviennent et arrêtent les manifestants, parmi lesquels la figure emblématique du mouvement socialiste de Grèce, Abraham Benaroya (1887-1979). Ce dernier, était un militant révolutionnaire gréco-juif séfarade, né à Thessalonique ottomane et mort en Israël, connu en tant que fondateur de la Fédération socialiste ouvrière de Salonique, l’ancêtre du Parti communiste de Grèce (KKE). Après les événements de 1911, Benaroya se voit obligé de quitter Thessalonique.
En 1912, à Athènes, Benaroya avec un petit groupe de militants socialistes décident de célébrer à nouveau la Journée du 1er mai en se retrouvent dans une pub à Metz. Benaroya s’adresse en français (!) à un groupe de 60 personnes et Il réclame : « 8 heures de travail, huit heures de repos et huit heures de sommeil. » La police intervient de nouveau.
Au bout de toutes ces agitations, le 1er mai est célébré en 1919, un an après la fondation de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE), dans 12 villes partout en Grèce.
En mai 1936, les cultivateurs de tabac descendent dans la rue à Thessalonique. Les événements, aussi liés aux conséquences de la crise économique en 1929-1932, ont leurs racines dans les revendications des travailleurs du tabac. Une grève est proclamée le 29 avril sans le secteur du tabac (qui compte presque 40.000 travailleurs dans la Grèce du nord).
Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr
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M.V.