Si vous vous trouvez dans les rues d’une ville ou d’un village grec le matin du 24 décembre, vous rencontrerez probablement plusieurs groupes d’enfants ou d’adolescents portant de petits triangles métalliques, frappant à la porte des maisons ou entrant dans les magasins en demandant « Na ta poume » (« On chante ? »). Ce sont des chanteurs de Noël qui demandent à chanter les « kalanda ».

Faire du porte-à-porte et chanter les « kalanda » est l’une des traditions de Noël les plus caractéristiques de toute la Grèce, et pas seulement la veille de Noël : il y a aussi le Nouvel An et la fête de l’Épiphanie.

La tradition des « kalanda » a une longue histoire, dont les racines remontent au début de l’époque byzantine. En fait, l’Église officielle s’est d’abord opposée à cette coutume, qui s’inspirait manifestement de l’observation des calendes (ou kalendes), nom donné par les Romains au premier jour du mois (et d’où dérive le mot anglais « calendar », ainsi que le grec kalanda). Les folkloristes décrivent les chants de Noël comme des chansons coutumières qui commencent généralement par une salutation, annoncent une fête chrétienne à venir et se terminent par des vœux. Leurs paroles mêlent souvent des événements historiques, des coutumes populaires et même des superstitions, comme celles concernant les kallikantzaroi (créatures malicieuses ressemblant à des gobelins).

Les kalanda sont toujours chantées le matin de la veille de Noël, du Nouvel An et de la veille de l’Épiphanie (5 janvier), généralement par des enfants ou de jeunes adolescents. Autrefois, les groupes étaient équipés de divers instruments (tambours, flûtes, cornemuses, etc.) et portaient souvent un petit bateau en bois, qui était le symbole grec traditionnel de Noël, avant que la coutume de l’arbre de Noël ne se répande. Aujourd’hui, les enfants portent généralement des triangles ou chantent simplement à capella. Traditionnellement, les gens donnaient aux jeunes chanteurs des friandises de Noël telles que des mélomakarona et des diplés, mais depuis plusieurs décennies, il est devenu courant de donner de l’argent.

Chants de Noël à Athènes, 1950-60. Photo de Voula Papaioannou – Source : Archives photographiques du musée Benaki

Le chant traditionnel grec de Noël est également connu sous le nom de « Kalin esperan arhontes », d’après le premier vers. Comme le montre la chanson, les chants de Noël étaient à l’origine chantés le soir de la veille de Noël, avant qu’il ne devienne courant de les chanter le matin.

Les paroles du chant de Noël commencent souvent avec grandeur :

« Bonsoir mes Seigneurs,

Si telle est votre volonté

Laissez-moi raconter la divine naissance du Christ

Dans votre noble maison.

Le Christ est né aujourd’hui,

dans la ville de Bethléem,

Les cieux se réjouissent,

La nature entière se réjouit.

Les kalanda se terminent par des bénédictions pour la maisonnée :

À cette maison où nous sommes venus,

puisse aucune pierre ne se fissurer jamais,

et puisse le maître de cette maison vivre encore de nombreuses années joyeuses ! »

Les chants de Noël présentent de vibrantes variations régionales qui reflètent la diversité du patrimoine culturel du pays. Les paroles sont souvent en dialecte local et utilisent des expressions idiomatiques, tandis que les mélodies s’inspirent de diverses influences musicales. Par exemple, les chants des îles Ioniennes ont des accents italiens, tandis que ceux de Thrace incorporent des éléments d’Europe de l’Est. En Épire, le son est plus austère, contrastant avec les rythmes joyeux et dansants des Cyclades.

Yorgos Sikeliotis (1917-1984), Les Chants de Noël, 1962. Source : Musée Benaki

Il existe également plusieurs chants locaux pour la célébration du Nouvel An. Le plus courant, chanté dans la plupart des villes grecques, remonte probablement à l’époque byzantine et comporte des paroles difficilement compréhensibles pour les gens d’aujourd’hui. On pense généralement qu’il s’agit d’une combinaison d’un hymne à Saint Basile – l’équivalent grec du Père Noël, dont le jour est célébré le jour de l’an, et qui apporterait les cadeaux – et d’une confession romantique à une femme de la noblesse. Les deux premiers vers sont : « Premier jour du mois et de l’année » :

« Premier jour du mois et de l’année,

Mon grand arbuste de romarin

Et début d’une bonne année,

Église avec un trône (ou un dôme) sacré.

La première fois que le Christ est venu,

Saint et spirituel,

Pour marcher sur la terre,

Et nous donner la joie »

Souvent, les jeunes chanteurs concluent leur chant par l’exclamation « Kai tou hronou ! », qui se traduit approximativement par « Que cela se reproduise l’année prochaine », l’équivalent du souhait « beaucoup de bonheur », également utilisé pour les anniversaires et les jours de fête.

La fête de l’Épiphanie, célébrée le 6 janvier, marque la fin des douze jours de Noël. Dans la tradition orthodoxe orientale, elle est généralement appelée Théophanie et commémore le baptême de Jésus dans le Jourdain (à l’âge de trente ans environ), au lieu de l’Adoration des Mages.

En Grèce, on l’appelle souvent le « Jour des Lumières », ou simplement « les Lumières » (ta Phota), pour symboliser l’illumination de l’humanité par la révélation de la Sainte Trinité. Bien qu’il s’agisse d’une fête importante, elle est principalement associée à la grande bénédiction des eaux qui a lieu le jour même, et chanter les « kalanda » de porte en porte est aujourd’hui beaucoup moins courant, en particulier dans les villes. Voici les premières paroles de la chanson :

« C’est le jour des Lumières et de l’illumination,

Grande est la joie et la bénédiction.

Au bord de la rivière Jourdain

Notre Dame la Vierge Marie est assise.

Bonjour, bonjour.

Bonjour à vous, mon seigneur et ma dame »

Article basé sur le texte « Kalanda: The Greek carols » par GreekNewsAgenda

*Image d’introduction : Lytras Nikiforos (1832 – 1904) « Étude pour le tableau “Les Chants” » – Source : www.nationalgallery.gr

Les origines grecques et romaines des traditions de Noël
Νοël en peinture néohellénique | Interview avec l’historienne de l’art Alexandra Kouroutaki

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