Titos Kontou est peintre et sculpteur, franco grec, né à Athènes en 1980. Après des études en arts plastiques et arts appliqués (2000-2006) il se consacre à la peinture, et passe une longe période de création dans son atelier à Athènes. En 2009 une de ses œuvres a été sélectionnée par le Musée Benaki à Athènes pour sa collection permanente. Depuis 2009, Kontou il vit et travaille à Toulouse dans le cadre du collectif d’artistes Mix’Art Myrys

GrèceHebdo* a interviewé Titos Kontou à propos de son travail entre la Grèce et la France, ses influences principales et ses pensées sur l’art de la peinture par rapport à la nature humaine.  

Qu’est ce que la peinture représente pour vous ?
 
L’art et notamment la peinture existent depuis plusieurs milliers d’années dans l’histoire de l’humanité. Son rôle n’a pas toujours été le même mais a toujours été d’une importance majeure dans la vie en société. Aujourd’hui, pour moi la peinture dépasse son aspect purement décoratif et même social. La peinture peut flirter avec la philosophie, la politique, la psychologie, la poésie, l’histoire, nous faire voyager dans le temps mais aussi affirmer des valeurs intemporelles.
Je perçois la peinture comme un moyen d’exprimer ma vision du monde à travers ma sensibilité. Une façon d’explorer les profondeurs de mon esprit et mes pensées les plus intimes. C’est en quelque sorte une manière de se montrer nu, sans fioritures. Cela permet un échange sincère entre artiste et public et ouvre la voie sur ce qui nous relie tous. Dans le fond, ne sommes-nous pas tous fait de la même matière ?
 
exposition Titos Kontou 2
 
Pourriez-vous nous présenter vos influences principales ? Croyez-vous appartenir à une école de peinture ?
 
Les influences évoluent avec l’âge et une certaine maturité. Cependant l’influence de grands maîtres classiques perdurent et seront je pense toujours présents en moi : il s’agit d’El Greco, Le Caravage et Rembrandt.
Le regard évolue forcément en fonction de l’époque dans laquelle on vit et la façon dont on perçoit le monde. J’essaye de voir la vie telle qu’elle est, avec sa beauté mais aussi avec ses fragilités, ses contradictions, ses paradoxes… Cette façon très cérébrale de voir le monde m’a conduit vers des artistes contemporains tels que Munch et Bacon, ou encore Miquel Barceló et Anselm Kiefer.
Malgré une certaine base académique et des influences “néo-expressionnistes“, il est difficile pour moi de dire avec certitude à quelle école de peinture j’appartiens. J’ai déjà eu l’occasion d’exposer aux cotés de Lydie Arickx et de Philippe Aïni, artistes reconnus internationalement, mais je ne pense pas faire partie du mouvement de la “figuration expressionniste” ni de “l’Art brut“. J’ai du mal à entrer dans des cases préfabriquées… je crée sans penser à un courant artistique après l’art fait son propre chemin. Pour moi, tel doit être le rôle de l’art, il doit étonner et surprendre celui qui l’observe.
 
exposition Titos Kontou 6
 
Comment se porte la peinture en France par rapport à la Grèce ?
 
Je vais vous parler d’un point de vue très personnel donc subjectif. J’ai vécu la plus grande partie de ma vie en Grèce, à Athènes et ça ne fait que dix ans que j’habite en France, entre Paris et Toulouse. J’ai l’impression que la peinture ici est en pleine croissance. Le marché de l’art s’est étendu en dehors de la capitale et a ouvert ses portes aux artistes avec des galeries, des centres d’art, des musées, des biennales, salons et foires d’art contemporain de qualité sur tout le territoire français.
C’est la grande différence constatée entre ces deux pays, car en Grèce une fois sorti de la capitale, artistiquement il ne se passe pas grand-chose, mis à part peut-être quelques endroits touristiques.
Il y a de très bons peintres en Grèce comme en France, avec une forte créativité et qui parlent des problématiques de chaque pays. Néanmoins, aujourd’hui, les opportunités d’exposer ses œuvres ne sont pas les mêmes. Pour moi être artiste en Grèce, c’est être très courageux…
 
exposition Titos Kontou 3 
 
Selon une critique concernant vos œuvres, ce qui vous intéresse avant tout “c’est la nature humaine dans l’étude du corps en mouvement et dans ses différents états d’âme”. Quels sont les aspects de la nature que vous cherchez à dévoiler à travers la peinture ?
 
Je me suis toujours intéressé à nos origines, notre nature humaine. D’où venons-nous ? Que faisons-nous ici ? Pourquoi la vie et la mort ? Où allons-nous ? Dans ma recherche picturale, je n’essaye ni de donner des réponses, ni de plaire. Je dénonce, je cherche une certaine vérité liée à notre condition humaine et une harmonie possible avec la nature. Ce qui nous distingue des autres espèces animales ce n’est pas tant, pour moi, l’apparence, la culture ni la nature de nos actes. C’est essentiellement notre conscience, la perception du bien et du mal, du juste et de l’injuste… Mais aussi le langage et la sociabilité. Pour moi les trois principaux aspects de la nature humaine sont : le corps, l’âme et l’esprit, intrinsèquement reliés entre eux. Et ce sont ces trois volets qui guident ma peinture depuis de nombreuses années, j’aime, dans une œuvre d’art, faire ressentir le souffle d’un corps, son mouvement dans l’espace temps et sa partie incorporelle/immatérielle pour donner vie à un tableau, lui donner corps “en chair et en os”. C’est comme un besoin vital pour moi de retourner aux sources, de retrouver une spiritualité et de redonner une place à l’espoir. Notre monde a trop tendance à oublier l’esprit, l’âme ; il  donne une très grande importance au corps qui, pourtant, se dégrade et un jour s’éteint inévitablement.
 
Dans ma dernière série “Enfance“, j’ai voulu un temps de respiration, de pause, de douceur. L’important dans l’élaboration de cette série est de montrer la liberté des enfants, leur insouciance, leur joie de vivre, mais aussi une lumière évidente. Moi-même j’ai eu la chance d’avoir une belle enfance. Aujourd’hui père de deux enfants, je replonge dans cet état de pure béatitude. Quand le monde est trop noir et dur à supporter, il suffit parfois de regarder évoluer les enfants, la nature, l’horizon. Avoir les yeux ouverts sur la beauté du monde c’est aussi regarder le monde à travers les yeux d’un enfant, retrouver l’enfant qui est en nous, sa nature propre.
 
* Entretien accordé à Magdalini Varoucha 
 

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