Les Kiosques en Grèce font partie de l’histoire sociale et politique du pays, voire du patrimoine culturel. On peut les trouver partout, dans les grandes villes comme dans les petits villages comme un supplément nécessaire aux cafénia (cafés grecs). On les distingue facilement sur les trottoirs et les places publiques grâce à leur matériel en bois, simple, beau et amical. En grec, on les appelle «periptero» (ou «periptera» au pluriel), à cause de leurs toits qui ressemblent aux temples périptères de l’Antiquité.

Pendant leur apparition, au début du XXe siècle, ils fonctionnaient surtout comme des kiosques à tabac, parce que l’Etat voulait répondre à deux exigences de l’époque: contrôler d’une part l’évasion fiscale -le commerce du tabac était exercé à l’époque par des marchands ambulants-, et de l’autre part donner du travail aux handicapés et aux vétérans des guerres, qui ne font que se multiplier dans les années à venir (les guerres balkaniques  et  en Asie mineure, deux guerres mondiales sans oublier la guerre civile 1946-1949).

Au fil du temps pourtant les kiosques n’ont pas cessé de se transformer par rapport à l’évolution du pays et aux changements des besoins et des habitudes de leur clientèle. Les kiosques à tabac sont devenus des kiosques où on peut trouver presque tout et à part les produits qui sont identiques à eux ils se sont adaptés à la demande du chaque quartier (près des endroits touristiques par exemple on y trouve des guides, des cartes postales, des stickers pour les frigos, des reproductions des statuettes antiques…). D’habitude les kiosques fonctionnent comme de petits commerces de proximité qui peuvent nous dépanner à chaque instant en fournissant les produits de base mais aussi des produits les plus inattendus. Avec leurs horaires flexibles, on peut toujours trouver un kiosque ouvert trop tard dans la nuit, parfois même pendant toute la nuit.

Dans le passé plutôt, mais même aujourd’hui les kiosques fonctionnent parfois comme de petites épiceries ! Hors du tabac ils distribuent également une diversité de produits, comme de l’eau et des boissons rafraichissantes, des orangeades et des citronnades, –très utiles, surtout en été, quand on cherche, assoiffés, un endroit pour s’hydrater et se reposer-, des boissons alcoolisées, de petits snacks, des chips et des biscuits, des chocolats et des chewing-gums, de la presse, des journaux et des magazines, des produits laitiers, du lait, du yaourt et de la glace, des cartes téléphoniques, des médicaments légers comme les aspirines, des préservatifs, et un tas d’autres choses, à tel point qu’on s’interroge parfois comment tous ces produits peuvent être étalés dans ces espaces, aussi étroits. Si vous voulez quelque chose et tous les magasins sont fermés n’hésitez pas  à le rechercher chez un kiosque. Il y a de fortes chances que vous le trouverez !

Le vendeur du kiosque devient vite une figure très familiale. On le voit presque tous les jours et même plusieurs fois par jour, devenant un interlocuteur quotidien ou parfois un ami, avec qui on fait surtout le commentaire de l’actualité politique. L’image la plus caractéristique des kiosques grecs, qui en plus n’a pas changé depuis des décennies, est celle des gens qui lisent les titres des journaux, comme ils sont accrochés autour du toit du périptère, on dirait comme des colonnes anciennes !          

Pendant les années de l’après-guerre, pourtant, quand les lignes téléphoniques étaient assez rares, réservées aux familles les plus aisées, les gens se communiquaient à travers les postes de téléphone des kiosques. Les vendeurs devenaient ainsi les personnes les mieux informées sur la vie des hommes du quartier. Une chose dangereuse pendant les périodes où la démocratie fonctionnait d’une manière restreinte ou elle était complètement démantelée. Et la Grèce en a vécu certaines…

Les kiosques en Grèce sont aujourd’hui autour de 10.000, dont 3.500 dans la région d’Attique et 1.300 dans la cité d’Athènes. La Mairie d’Athènes a organisé récemment un concours pour la construction d’un nouveau modèle de kiosque, plus fonctionnel et plus adapté aux besoins d’aujourd’hui. En attendant on peut continuer à en profiter de cet espace charmant de notre quotidien. 

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