L’ambassadeur de Suisse en Grèce, Lorenzo Amberg a accordé une interview à GrèceHebdo :

Comment se situe la Suisse par rapport à l’Union Européenne? Est-ce que l’adhésion de la Suisse à l’Union constitue un choix éventuel pour l’avenir ?

La Suisse, de par sa situation géographique, son histoire, ses langues nationales et son économie fait partie intégrante de l’Europe. Aujourd’hui, l’UE est le principal partenaire économique de la Suisse. Alors, on peut véritablement se poser la question : pourquoi ne pas adhérer à l’UE ? Or, une adhésion qui devrait être acceptée non seulement par le Parlement, mais aussi par la population, n’est pas d’actualité, tous les sondages le montrent. La raison principale en est probablement la crainte de voir la démocratie directe et la neutralité menacées, et d’abandonner des compétences séculaires à une entité supranationale. Des arguments économiques sont également avancés puisque la Suisse a aujourd’hui une monnaie forte, un chômage de moins de 3% et un endettement qui satisfait pleinement aux critères de Maastricht. Le gouvernement suisse a donc choisi la voie bilatérale pour harmoniser ses relations avec l’Union. Il existe aujourd’hui des douzaines d’accords bilatéraux entre Berne et Bruxelles dans tous les domaines, depuis les transports jusqu’à la libre circulation des personnes – la Suisse fait partie des accords de Schengen -, des marchés publics à la science, de l’éducation aux statistiques et j’en passe. On le voit : même sans adhérer à l’Union Européenne, la Suisse entretient avec ses amis européens des relations pragmatiques mais très étroites.

• Que signifie pour vous d’être à ce poste à une conjoncture difficile pour la Grèce et quelles sont vos priorités en tant qu’ambassadeur de Suisse à Athènes ?

Dans la situation de cette crise qui est – ou fut – aussi une crise de la monnaie européenne, mon devoir particulier est de rapporter le plus objectivement possible ce qui se passe dans mon pays hôte afin de permettre à mes autorités de se faire une idée précise de l’évolution. La Suisse a intérêt à ce que la Grèce soit un membre stable et prospère de l’UE. Actuellement, nos relations bilatérales, qui sont excellentes, se concentrent sur quatre domaines où nous avons des intérêts communs et où nous pouvons soutenir la Grèce. Energie : nous nous efforçons de promouvoir, avec le gouvernement grec, le gazoduc TAP qui apportera un milliard d’euros d’investissement direct en Grèce. Fiscalité : Berne propose à Athènes un accord de règlement des avoirs grecs non déclarés dans les banques suisses, ce qui contribuera à équilibrer les caisses de la République hellénique. Migration : la Suisse participe aux missions Frontex et offre son soutien aux autorités grecques dans la gestion de la migration clandestine. Culture : l’Ambassade de Suisse présente en ce moment au musée Benaki Pireos une grande rétrospective du photographe suisse Charles Weber. En mars, nous participerons au programme de la fête de la Francophonie avec la venue notamment de l’écrivain genevois M. Arditi. Ce ne sont que deux exemples de nos projets visant à faire connaître la création artistique suisse en Grèce, pour cette année 2013. Un autre aspect de nos relations bilatérales est le soutien consulaire aux nombreux Suisses de passage ou résidants en Grèce. Les quelques 350’000 touristes suisses par an représentent par ailleurs un apport non négligeable à l’économie hellénique.

• Quelles sont vos impressions sur la vie à Athènes et ses habitants ?

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Mon épouse et moi sommes installés ici depuis l’automne 2010, et nous nous plaisons tant ici que nous regrettons d’ores et déjà le jour où nous devrons quitter ce pays, cette ville et nos amis! Grâce à l’apprentissage de la langue, nous découvrons chaque jour de nouveaux trésors que celle-ci a donnés aux cultures européennes. Ainsi, tout le monde connaît l’origine des notions comme la chirurgie, l’architecture et la physique. Mais on ne soupçonne guère des mots comme le cap, le timon, la clé, le zèle et tant d’autres d’être d’origine grecque! Les Athéniens sont cultivés, généreux et hospitaliers, et leur ville offre une diversité de styles et de quartiers tout à fait stimulante pour les amoureux de l’histoire. Et nous aimons les parcs, les collines et les forêts de la capitale et de ses environs. Nous pouvons dire avec le grand helléniste et philhellène genevois, Samuel Baud-Bovy, qui voyageait avec le photographe Fred Boissonas en Grèce dans les années 1920 : ‘’Là où d’autres ne faisaient que chercher des ruines, nous découvrions une nature et un peuple.’’

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