Hélène Antoniadis-Bibicou, née à Athènes en 1923, est l’un des premiers membres du Centre de Recherches Historiques de la VI Section de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales (de «l’École des Annales», comme on l’appelle d’habitude) à l’époque où Lucien Lebvre assurait encore la direction de l’Ecole. (Fernand Braudel le succède après sa mort en 1956). Hélène Antoniadis-Bibicou dirige le Séminaire d’Histoire Économique et Sociale de Byzance et de la Grèce Moderne, qui existe depuis 1965 sans interruption jusqu’ à aujourd’hui. Parmi ses nombreuses œuvres, citons à titre indicatif: Recherches sur les douanes à Byzance (1963), «Villages désertés en Grèce XIe-XIXe siècles (1965), Études d’histoire maritime de Byzance (1966) «Byzance et le Mode de production Asiatique»(1966). De passage à Athènes et toujours en forme intellectuelle à l’âge de 90 ans elle a parlé à GrèceHebdo.

Comment commence votre périple vers la France?

Le gouvernement français en automne 1945 après la fin de la guerre a donné au gouvernement de la Libération 120 bourses pour que soient attribuées à des étudiants grecs qui avaient pris part à la résistance contre le nazisme et qui avaient fait de bonnes études, leur permettant de devenir de jeunes chercheurs prometteurs. J’avais la chance d’obtenir une de ces bourses qui ont été attribuées par l’Institut Français d’Athènes dont le directeur était Octave Merlier, remplacé pendant la période de la guerre par Roger Milliex. Mais je ne suis pas partie avec le groupe qui a voyagé avec le bateau Mataroa pour Marseille. Cette décision à été dictée par des raisons d’ordre personnel mais aussi dans un esprit de solidarité avec les étudiants militants pendant la dernière période de la résistance et après les évènements de décembre 1944 qui restaient encore emprisonnés par les autorités grecques. Mon départ vers la France ne se fera qu’en Mai 1947.

Que représente pour vous ce très long séjour de 67 ans en France?

Je peux dire sans ambiguïté que la France est mon deuxième pays qui m’a donné l’occasion de créer sous l’autorité de Fernand Braudel le séminaire d’Histoire Economique et Sociale de Byzance et de la Grèce Moderne et qui a figuré pour la première fois au printemps 1956 dans la revue les Annales. De nombreuses thèses de doctorat ont été préparées et soutenues depuis dans le cadre de cette institution. C’est en son sein qu’a été fondé le Comité National Français de l’Association Internationale des Études du Sud-est Européen, de même que l’Association de recherches historiques Pierre Belon, dont le fondateur et président fut André Guillou décédé il y a quelques jours (voir dans ce numéro). Dans l’ensemble de cette activité ont vu le jour des travaux importants concernant aussi bien l’aspect scientifique et social de l’histoire de l’humanité.

Comment vous vivez depuis la France la crise qui frappe la Grèce ces dernières années?

La crise des dernières années n’est pas évidemment seulement nationale ou européenne, mais elle s’insère dans l’ensemble de la crise mondiale. Cependant, il ne faut pas isoler le cas grec, comme on le fait bien souvent pour des raisons intéressées. Une interprétation plus globale s’impose aussi ici pour mieux cerner la situation actuelle.

Entretien accordé à Georgia Marioli

TAGS: Interview