Créatrice sensible et originale, Frieda Liappa, porte, comme Tonia Marketaki, un regard féminin sur les thèmes et l’esthétique chers au Nouveau Cinéma Grec. Elle s’intéresse particulièrement aux rapports entre les deux sexes, à l’exploration de la sexualité féminine et à la position sociale de la femme dans une époque de transition après la chute de la dictature en Grèce.
 
Née en 1948 à Messini, en Péloponnèse, elle vient à Athènes pour étudier la philosophie. Dès son entrée à l’Université, elle s’engage dans le mouvement estudiantin contre les colonels. Elle est arrêtée, condamnée à six ans d’emprisonnement et exclue de la Faculté de Philosophie. Elle échappe à Londres où elle suit des cours à London Film School. Elle rentre en Grèce après le rétablissement de la démocratie et travaille comme critique de cinéma.
 
Son début comme réalisatrice s’effectue avec des films de court-métrage, tels que Je me souviens de toi, toujours sur le départ et Apetaxamin (Je renonce), qui gagnent des prix aux festivals de Thessalonique et de Drama. En même temps, elle réalise des documentaires pour la télévision publique. Elle est aussi l’auteur de plusieurs collections de poèmes et de nouvelles.
 
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Son premier long-métrage, réalisé en 1981, est un film remarquable. Intitulé Les routes de l’amour sont nocturnes, il constitue une analyse profonde du monde sentimental de deux sœurs d’âge moyen, qui vivent seules, jusqu’à ce que l’arrivée de leur cousin de l’étranger bouleverse l’équilibre. Le film gagne cinq prix au festival de Thessalonique et participe à de nombreux festivals internationaux.
 
Son deuxième film vient en 1986, sous le titre Un décès tranquille. C’est encore un succès artistique international, honoré à Thessalonique, aussi bien qu’à San Sébastian. La réalisatrice est, de nouveau, préoccupée ici par l’état d’âme de la femme contemporaine, à la recherche de son identité.
 
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Son dernier film, Les années de la grande chaleur (1991), est associé à un scandale, provoqué par des accusations du mauvais traitement d’un enfant pendant le tournage. L’affaire divise le monde artistique du pays, avant que le Conseil judiciaire décide du non-fondé de toute accusation contre la réalisatrice. Peu après, en 1994, Frieda Liappa meurt prématurément à l’âge de 46 ans, en mettant fin à un parcours artistique prometteur.