Né en 1836 à Ermoupoli à l’île de Syros, Emmanouïl Roïdis est l’un des écrivains et essayistes grecs les plus importants du 19ème siècle. Cosmopolite et connaisseur de la culture occidentale, il présent un travail qui couvre de nombreux genres différents, allant de la fiction à la narration, des critiques aux textes politiques, des traductions aux chroniques.
En 1841, Roïdis déménage avec sa famille à Gênes, puis il rentre dans son île natale, pour s’installer quelques années plus tard, en 1955, à Berlin pour des raisons de santé. En 1861, on le trouve en Égypte, mais après la mort soudaine de son père, il rentre en Grèce et vit à Athènes, déterminé à se consacrer au domaine des Lettres. Il a longtemps collaboré avec des journaux francophones et en 1870 il est nommé directeur des journaux ‘’La Grèce’’ (Η Ελλάδα) et ‘’L’Independence Hellénique’’ (Ελληνική Ανεξαρτησία). Longtemps conservateur de la Bibliothèque nationale de Grèce, il devra abandonner ce poste à cause de ses pamphlets politiques.
Roïdis est bien connu pour son roman ‘’La Papesse Jeanne’’, traduit en français par Alfred Jarry. Dans ce livre, publié en 1866, Roïdis ‘’raconte les tribulations qui, vont mener une fille de moine irlandais jusqu’à Rome, où l’attend le trône de saint Pierre. Ses dons intellectuels, sa mémoire exceptionnelle, les leçons forcenées de son père font de la petite Jeanne une femme capable de tenir tête aux détracteurs les plus obstinés, de fréquenter les couvents libertins, d’affronter les routes d’Europe infestées de violeurs et de pillards, et de passer, en Grèce, pour une sorte de nouveau Socrate… avant d’investir le Vatican’’. Malgré que cette histoire concernait l’église catholique le scandale prit une telle proportion que son œuvre fut rejetée par l’église orthodoxe. Avec cette œuvre, l’écrivain rompt avec la tradition littéraire traditionnelle à l’époque, le romantisme, et avec le renforcement du prestige de l’Église. Le livre a, pourtant, connu un succès international et a été traduit en plusieurs langues.
En 1894, la nouvelle ‘’Un mari de Syros’’ est publiée dans le journal athénien Άστυ. Dans ce texte sans excès stylistiques, Roïdis se propose de faire l’analyse de la jalousie naissante chez un jeune époux, de même que la satire amusée de la société provinciale d’ Ermoupolis où « tout le monde se connaît comme les moines d’un même monastère ».
En 1895, il écrit ‘’La Complainte du fossoyeur’’ (adapté au cinéma en 1991 sous le titre Les Corbeaux). Dans un cimetière d’Athènes, le narrateur retrouve par hasard un homme qu’il avait connu, “à Syros des années plus tôt. Aujourd’hui fossoyeur, cet homme entreprend d’évoquer les revers de fortune qui l’ont conduit à un état misérable. Et c’est l’occasion pour Roïdis de laisser libre cours à sa verve : toujours légère et souvent caustique dans l’énumération des malheurs dont fut accablé le ci-devant pêcheur de Syros, son ironie devient volontiers décapante quand il s’agit d’invoquer les causes de tant de maux.’’
Roïdis meurt à Athènes en 1904. Ses œuvres s’inspirent surtout des vécus personnels de l’auteur. Dans la plupart d’entre-deux, on trouve une humeur critique envers la réalité politique et sociale de l’époque. Dans ses écrits, l’humour et l’ironie ne s’ éloignent jamais l’un de l’autre.
m.o.
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