Le 19 mai est la Journée de mémoire du génocide des Grecs pontiques qui se réfère  aux massacres, aux expulsions ainsi qu’aux migrations forcées infligées par le gouvernement de Jeunes-Turcs aux Grecs pontiques de 1914 à 1923. En 1994, le gouvernement grec décida de fixer la date du 19 mai comme journée de commémoration du génocide. GreceHebdo revisite cette histoire, 101 ans après le 19 mai 1919, jour du débarquement de Kemal Ataturk à Samsun, marquant le début d’une vague d’exterminations systématiques dans le Pont.
 
 
Les Grecs pontiques aux côtes de la Mer Noire
 
Le nom de ce peuple grec dérive du mot grec “pontus” (πόντος en grec), qui signifie « mer » et fait référence à la population grecque qui vivait sur la côte sud-est de la Mer Noire (c’est-à-dire dans le nord de la Turquie), depuis trois millénaires. Par conséquent, les Grecs pontiques sont les habitants du Pont-Εuxin, ancien nom de la Μer Noire.
 
Ce territoire fut colonisé par les Grecs venus d’Ionie dès l’époque archaïque et demeura le centre de deux puissants États au cours de l’histoire : le Royaume du Pont (période hellénistique) et l’Empire de Trébizonde (1204-1461).
 
Les Grecs pontiques ont vécu depuis la période byzantine dans le milieu montagneux des Alpes pontiques où ils ont pu jusqu’au début du XXe siècle préserver leur langue et/ou leur religion orthodoxe. Α la suite de migrations dans la longue durée ce peuple est transformé en une diaspora autour de la mer Noire et dans le Caucase.
 
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Une famille de Grecs pontiques à Trébizonde. Source: Wikimedia Commons  
 
La première guerre mondiale a bouleversé la répartition des populations grecques autour de la Mer Noire, après l’effondrement de l’Empire Ottoman et la révolution russe.
 
La politique des Jeunes Turcs, puis celle de Kemal Ataturk, avaient comme objectif de transformer l’Asie Mineure en territoire ethniquement homogène, en exterminant et en chassant les populations chrétiennes. Au génocide arménien (1915-1916) a succédé le génocide des Grecs Pontiques (surtout dans la période 1919-1923).Selon le ministère des affaires étrangères de Grèce, 353.000 des Grecs habitant le Pont ont été exterminés, ou sont morts des conséquences de leur emprisonnement ou de leur déportation à travers l’Anatolie.  [Aussi : Bruneau, 2013 Totten-Bartrop, 1995]
 
À la suite du traité de Lausanne (1923) instaurant l’échange des populations entre la Grèce et la Turquie, environ 1,5 million de réfugiés Grecs chrétiens a dû abandonner leurs terres natales, sur lesquelles ils étaient installés depuis plus de 3 000 ans en Asie Mineure, dans le Pont, en Cappadoce, et en Thrace orientale pour se fixer en Grèce. 
 
Plus précisément, pour ce qui est des Grecs pontiques, ils ont été dans leur majorité installés en Macédoine et en Thrace, sur des terres laissées par les populations musulmanes échangées.
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Réfugiés grecs et arméniens de Turquie, 1923 / Source: Wikimedia Commons
 
La mémoire du génocide
Dans les années 1980, est apparu au sein des associations pontiques et du milieu politique grec, un débat sur la reconnaissance du génocide  des Grecs du Pont,  dont auraient été responsables les plus hautes autorités ottomanes Jeunes Turcs, au sein d’un plan consistant à faire disparaître la plus grande partie des minorités chrétiennes d’Asie Mineure, la première étape ayant été le génocide arménien (1915).
 
Le 24 février 1994, le Parlement grec a officiellement reconnu le génocide des Grecs pontiques et a déclaré le 19 mai (jour du débarquement de Kemal Ataturk à Samsun en 1919) comme date commémorative de ces évènements tragiques.

* Photo d’introduction: Source ERT  

M.V.