Le Musée national d’art contemporain d’Athènes (EMST) ouvre ses portes le 28 février, prêt à accueillir le public avec sa collection permanente, ses expositions temporaires et une série d’activités.
Il a fallu vingt ans depuis sa fondation en 2000 et un parcours aventureux, avant d’arriver à son ouverture complète aujourd’hui, suite à la mise en opération progressive de ses espaces d’exposition temporaires, mais aussi la suspension de ses activités il y a un an. Aujourd’hui le musée est enfin pleinement opérationnel et pour inaugurer cette nouvelle ère, ses locaux seront accessibles gratuitement au public à partir du 28 février et tout au long du mois de mars.
L’exposition de la collection permanente du musée présente 172 œuvres de 78 artistes grecs et internationaux intégrées aux axes thématiques suivants: 1) Références de mémoire – Demandes – Récits politiques; 2) Limites et passages; et 3) Hétérotopies – Mythologies du familier – nouvelles perspectives.
Dans l’espace d’expositions périodiques, « EMST Open » présente l’histoire du musée depuis sa création à travers une chronologie visuelle. Au cours des prochains mois, cette exposition sera complétée par des actions supplémentaires.
Dans la salle « Project Room » du musée de nouvelles œuvres et productions sont exposées ainsi que l’installation vidéo « In Vitro » des artistes Larissa Sansour et Soren Lind, un film de 28 minutes qui était la participation officielle du Danemark à la Biennale de Venise en 2019.
Le bâtiment du musée : L’histoire unique de l’usine FIX
EMST est hébergé dans l’ancienne brasserie FIX, un bâtiment marquant de la ville d’Athènes qui a une très longue histoire.
Dans les années 1860, le bavarois Johann Karl Fix (script hellénique du nom de famille allemand Fuchs), installé de façon permanente en Grèce a fondé la brasserie FIX dans le quartier où se trouve aujourd’hui Neo Iraklio à Athènes. La demande accrue de bière à cette époque crée le besoin d’établissements plus larges, ainsi, la brasserie est transférée à Kolonaki et par la suite dans le bâtiment de l’avenue Sygrou.
A cette époque, à la fin du siècle, la zone était encore peu développée et la nouvelle usine est construite sur la rive ouest d’Ilissos, à une courte distance du temple de Zeus olympien. Ce premier bâtiment sera progressivement agrandi au cours des prochaines années, suite à la croissance des activités de la brasserie FIX.
De la rénovation de Takis Zenetos à l’abandon
Au milieu des années 1950, dans le cadre de la reconstruction industrielle du pays, la famille Fix décide de rebâtir l’usine et ce projet sera mis en œuvre en 1957 par l’architecte Takis Zenetos (1926-1977), l’un des représentants les plus importants du modernisme d’après-guerre en Grèce, en collaboration avec Margaritis Apostolidis (1922-2005).
Le but de Zenetos est d’unifier les extensions successives de l’ancienne usine sans interrompre son fonctionnement et de créer, conformément à sa philosophie générale, une construction flexible qui pourrait être modifiée et adaptée aux éventuels usages futurs.
En 1961, le nouveau bâtiment industriel de l’avenue Sygrou est totalement rénové selon les principes du modernisme, tels que le dynamisme de la forme, les lignes claires et simples, les grandes ouvertures et les reflets de l’axe horizontal. La linéarité des façades combinées à l’imposante superficie de l’usine donnent l’impression que le bâtiment s’étend à l’infini. Fix est ainsi devenu symbole d’une ‘architecture pionnière de son époque qui s’est impose dans le paysage urbain anarchique et impersonnel d’Athènes de l’après-guerre.
À la fin des années 1970, la brasserie est transférée en dehors d’Athènes et le bâtiment de Zenetos est abandonné et reste ainsi jusqu’en décembre 1994, quand il passe à la propriété d’ « Attiko Metro SA » et une partie est démolie pour les besoins des projets du métro.
En février 2000, le Ministère de la Culture en coopération avec la Fondation Yannis Tsarouchis organise l’exposition « Yannis Tsarouchis, Entre Est et Ouest ». La même année, l’usine devient le siège du nouveau Musée national d’art contemporain (EMST).
Takis Zenetos : un grand visionnaire du modernisme
Partisan d’un modernisme radical, Zenetos est reconnu comme l’une des figures de proue de l’architecture grecque du 20ème siècle. Chercheur infatigable avec une excellente connaissance de la technologie et designer de renommée internationale, Zenetos a conçu des projets visionnaires répondant aux exigences d’un monde beaucoup plus avancé que la Grèce des années ’70.
Takis Zenetos est né à Athènes en 1926. En 1945, il est parti étudier à l’École des Beaux-Arts à Paris, pour suivre des cours dans l’atelier d’architecture d’Otello Zavaroni. Sa vie dans le Paris d’après-guerre, une ville animée par les courants artistiques et culturels d’avant-garde, a eu un grand impact sur son travail.
Les bâtiments de Zenetos révèlent une architecture respectueuse de l’environnement qui sait mettre en valeur l’utilisation des technologies les plus avancées de son époque.
Outre le musée d’art contemporain, les créations de Zenetos incluent la résidence à Glyfada, rue Xanthou 21 (1961), l’Amalia Hotel (rue Amalias 34, 1959–avec Margaritis Apostolidis) l’École d’ Agios Dimitrios (connue comme Stroghylo, 1972), la résidence à Kavouri (1959) et le Théâtre du Lycabette (1964), tous se situant à Athènes et ses environs. Zenetos a aussi fait des plans architecturaux dans d’autres régions de Grèce, notamment pour l’usine de tomate Kyknos dans le Péloponnèse (Savalia, 1963), et ses projets non réalisés pour l’hôtel Liakota à Plakias (Crète).
Parmi ses grandes œuvres de type théorique, il faut retenir sa recherche sur L’Urbanisme électronique et ses projets voués à de nouvelles agglomérations côtières en Grèce.
Takis Ch. Zenetos s’est donné la mort suite a une chute de la fenêtre de son bureau à Kolonaki, le 29 juin 1977.
Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr