L’exposition “Idoles” au Musée Fenaille réunit pour la première fois un ensemble unique de statuettes originaires des Cyclades et d’Anatolie, des débuts de l’âge du Bronze ainsi que des œuvres modernes et contemporaines jusqu’au 17 octobre 2021.
Cette exposition, une collaboration du Louvre avec le musée Fenaille, s’inscrit dans la réflexion menée depuis plusieurs années par le musée Fenaille, à Rodez, sur la représentation de la figure humaine et ses multiples expressions dans les sociétés préhistoriques, protohistoriques ou extra-européennes. Dans ce contexte, les idoles cycladiques (en Grèce) et d’Anatolie (Turquie actuelle) se distinguent comme autant de représentations synthétiques de la figure humaine.
Plus précisément, près de 65 pièces du musée du Louvre, dont la célèbre tête de Kéros, et plus de 30 objets provenant de musées français et européens (Allemagne, Suisse, Belgique) sont exposés dans cette unique exposition.
Des idoles à l’origine de la figuration humaine
Les idoles cycladiques sont bien connues pour leur beauté qualifiée de moderne; celles d’Anatolie partagent le même goût pour une représentation synthétique de la figure humaine. L’exposition propose de mettre en avant les points communs et les spécificités, les rapports d’échanges et d’influences culturelles complexes entre ces deux régions voisines tout en interrogeant la notion « d’idole ». Ce type de démarche n’a jamais fait l’objet d’expositions dédiées. Dans le prolongement de ces comparaisons, l’exposition évoque aussi l’influence féconde des idoles cycladiques sur la production artistique des années 1900-1950.
L’histoire de la découverte des statuettes cycladiques et anatoliennes commence au début du XIXe siècle. Elles ont d’abord été associées à des sociétés considérées à tort comme primitives. C’est dans ce contexte que le terme d’« idole » est improprement utilisé pour les désigner.
Force est de rappeler que les Cyclades en mer Égée furent tout d’abord habitées par des voyageurs d’Asie Mineure vers 3000 AEC, et elles connurent une prospérité certaine grâce à la richesse des îles en ressources naturelles telles que l’or, l’argent, le cuivre, l’obsidienne et le marbre. Cette prospérité permit l’épanouissement des arts et le caractère unique de l’art cycladique est peut-être mieux illustré par leur sculpture épurée et minimaliste qui est l’un des arts les plus distinctifs produits tout au long de l’âge du Bronze sur la mer Égée. Ces figurines furent produites à partir de 3000 AEC jusqu’à environ 2000 AEC, lorsque les îles devinrent de plus en plus influencées par la civilisation minoenne basée en Crète.
Confronter les sculptures du Bronze ancien à l’art contemporain
L’exposition propose de mettre en avant les points communs et les spécificités, les rapports d’échanges et d’influences culturelles entre ces deux régions voisines, tout en interrogeant la notion « d’idole », terme improprement utilisé à partir du XIXe siècle pour les désigner. Le parcours s’attache aussi à révéler leur influence féconde sur la production artistique de la première moitié du XXe siècle, notamment chez Brancusi, Giacometti, Zadkine ou Brassaï. En 2021, deux artistes contemporains, Daniel Arsham et Zhang Yunyao ont à leur tour proposé leur interprétation de la célèbre tête de Kéros.