Hommage à la “ambassadrice de l’hellénisme” Jacqueline de Romilly

Le conseil municipal de la mairie d’Athènes a décidé, il y a une semaine, de renommer la place ‘Thission’ rendant hommage à la célèbre helléniste, Jacqueline de Romilly (photo http://camerastyloonline.wordpress.com). La place se situe au quartier de Thission, au pied de la colline de l’Acropole, à côté de l’Agora. De plus, trois colonnes en marbre blanche, sculptées par le sculpteur grec Dimitris Skalkotos, seront apposées autour de la place. Sur celles -ci seront inscrits en grec et en français des extraits de l’œuvre de la grande dame de belles-lettres, décédée en 2010 à l’âge de 97 ans. 

Jacqueline de Romilly a associé son nom avec l’étude de Thucydide. En 1972 elle a achevé avec Robert Weil la traduction complète de l’œuvre de l’auteur de l’histoire de la guerre de Péloponnèse. Professeure en littérature grecque à l’université de Lille, de Sorbonne et de Paris ainsi qu’au Collège de France, elle est devenue en 1988 la deuxième femme ‘immortelle’ à faire son entrée à l Académie française, Yourcenar étant la première. En 1995, le gouvernement grec l’honorait en lui décernant la nationalité grecque à titre exceptionnel pour ses services rendus à l’histoire de la culture grecque, car tout au long de sa vie elle n’a jamais cessé de défendre la langue grecque et son enseignement. 

On cite sa réponse à la question du journaliste François Busnel: “Quelle est l’idée grecque qui vous fascine le plus, encore aujourd’hui?” Lors d’une interview à ‘L’express‘ publié le 01/04/2004: “Je me suis occupée de tant d’entre elles que je ne peux en isoler une! Selon les jours c’est la justice, la loi, la douceur (j’ai consacré à cette idée un gros livre) … Mais s’il fallait en élire une parmi toutes, ce serait le sens de l’humain. Tous les textes grecs parlent de l’homme et fondent les vertus sur l’idée suivante: “Je suis homme comme lui, et cela pourrait m’arriver.” C’est la phrase que prononce Ulysse lorsqu’ Athéna lui propose de voir l’effondrement de son ennemi, Ajax. Ulysse refuse. Il pense: “non, car je sais que je suis homme comme lui et qu’un tel malheur pourrait m’arriver un jour.” Ce qui est à l’œuvre, ici, ce n’est pas la charité du pardon mais bien le sens de l’humain.”