La présentation de l’édition d’une série de timbres commémoratifs par les Postes Helléniques à l’occasion de 200 ans de la contribution du premier gouverneur de la Grèce Ioannis Kapodistrias à la formation du système fédératif suisse et de 150 ans de la mort du philhellène et banquier suisse Jean Gabriel Eynard, était l’occasion pour un évènement culturel qui s’est déroulé la semaine dernière à la salle des actes du Ministère Grec des Affaires Etrangères.
Pendant l’événement ont parlé le vice-président du gouvernement et ministre des Affaires Etrangères Evangelos Venizelos, l’ambassadeur de la Confédération Suisse en Grèce Lorenzo Amberg, le directeur des Archives de la Banque Nationale de Grèce Gerassimos Notaras et des responsables des Postes Helléniques. Les locuteurs ont mentionné l’amitié profonde qui a lié le diplomate du tsar et ensuite premier gouverneur de l’Etat indépendant grec (en 1828) Ioannis Kapodistrias, qui a joué un rôle décisif dans l’histoire suisse (1813-1815), et le banquier suisse Jean-Gabriel Eynard (1775-1863), philhellène qui s’enthousiasma pour la cause de l’indépendance grecque (1821-1829), en devenant le coordinateur des comités philhellèniques en Europe et prodigua ses conseils financiers au nouvel État.
L’activité de Ioannis Kapodistrias pendant les guerres napoléoniennes a impressionné le tsar de Russie. Kapodistrias gagne vite sa confiance et le tsar le charge de l’organisation de l’Etat de Suisse, les russes désirant détacher les suisses de la sphère d’influence française. Kapodistrias a dû faire face à un conglomérat de petites républiques, opposées sur l’avenir de la confédération, certaines désirant un retour au régime d’avant la révolution avec 13 cantons. Fin médiateur, Kapodistrias a divisé le pays en 19 cantons autonomes et il s’est rapidement imposé dans ce contexte difficile comme une personnalité incontournable dans le monde politique suisse. Son influence était telle que toutes les constitutions cantonales en élaboration lui étaient soumises. Il a aussi surveillé attentivement la rédaction de la première Constitution fédérale adoptée le 7 août 1815 avec le nouveau pacte fédéral, qui garantissait l’indépendance de l’Etat de Vaud. Restait encore à asseoir l’indépendance du pays sur le plan international. Ce qu’il est parvenu à réaliser entre 1814 et 1815 lors du congrès de Vienne, durant lequel les vainqueurs de Napoléon ont redessiné les frontières de l’Europe. Au sein de la délégation russe, il y obtint la reconnaissance de la Suisse ainsi que de sa neutralité. «Ce qu’il a fait est un chef-d’œuvre de persuasion désintéressée », témoignait alors Pictet de Richemond, représentant genevois à la conférence. Selon l’ambassadeur de Suisse Lorenzo Amberg, «Kapodistrias a gagné un privilège d’honneur, que très peu de personnes disposent dans l’histoire de Suisse ». En signe de reconnaissance, deux cantons, le canton de Genève (la Ville de Genève) et le canton de Vaud (la ville de Lausanne) lui ont octroyé la première citoyenneté d’honneur et la première bourgeoisie d’honneur.
Jean Gabriel Eynard (1775-1863), banquier protestant d’origine lyonnaise installé à Genève, est l’un des membres de la délégation genevoise au Congrès de Vienne, en 1814-1815. Il s’y lie d’ amitié avec l’un des représentants du tsar Alexandre, le diplomate grec Ioannis Kapodistrias. L’aventure hellénique démarre pour le financier genevois. Jean-Gabriel Eynard, l’homme qui écrivait «être un grec dans l’esprit et dans l’âme», ne mit jamais les pieds en Grèce, mais dès 1821, lorsqu’éclate l’insurrection contre les Turcs, il est aux avants-postes de la collecte de fonds et crée, en 1825 les comités philhellènes de Paris et Genève. Entre les années 1821-1850, a été l’un des financiers en chef du combat pour l’indépendance grecque, puis cofondateur de la première banque grecque, toujours en opération: la Banque Nationale de Grèce.
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