En Octobre 2021, le Forum « La Grèce en 2040 » a adopté un Livre Blanc sur les possibilités et les perspectives du pays pour les décennies à venir. Dix groupes de travail se sont concentrés sur les aspects qui définiront la réponse du pays aux défis du Globe. Les textes des études sont accessibles au public afin de servir de point de référence pour l’élaboration des politiques à mener.

La thématique « La Grèce en 2040 : société civile, environnement et crise climatique, Conclusions et Perspectives » met l’accent sur les politiques qui aideront le pays à atteindre les objectifs de l’Union Européenne, notamment de réduire d’ici 2030 les émissions de CO2 de 30 % et de se rendre climatiquement neutre d’ici 2050.

La vision esquissée pour la Grèce est celle d’un pays à la tête de la transition énergétique, qui promeut les écotechnologies et l’économie numérique et crée de nouveaux emplois verts. Une Grèce qui, en tant que puissance maritime, est capable d’exploiter pleinement l’économie bleue durable voire assurer sa cyclicité. Un pays, enfin, qui se veut carrefour énergétique et qui sera en mesure de profiter de toutes les possibilités offertes par la richesse de ses sources d’énergie renouvelables, tout en mettant en évidence son potentiel en termes de production et stockage de l’hydrogène vert et bleu sans meconnaître son objectif à décarboniser ses îles.

Réfléchir sur le futur de notre passé

L’approche adoptée par le groupe de travail semble intéressante, dans la mesure où celui-ci affirme que toutes les ambitions susmentionnées s’inscrivent dans le cadre d’une réflexion sur « le futur de notre passé » embrassant la culture, les coutumes locales ainsi que de divers aspects de l’économie traditionnelle grecque. Et tout cela sans aucune prétention romantique mais avec tout le réalisme exigé par les défis du futur.

Cette vision, aussi étonnante qu’elle puisse paraître au premier regard, est bien justifiée puisque l’économie cyclique à laquelle on aspire est compatible avec la circularité de la nature et de la vie inscrite dans les gênes des communautés grecques. De cette manière, les objectifs du développement durable pourront s’intégrer dans le mode de vie des citoyens en faisant part de leur propre « vécu ».

Le pont en pierre de Arta en Épire. Source : Discover Greece

D’ailleurs, la vision pour le développement durable devrait aussi prendre en compte et réconcilier des perceptions divergentes. La recherche menée dans le cadre du projet européen Archaeomedes a dévoilé des différences de perception en ce qui concerne la définition de la « dégradation » de l’environnement. Dans la région d’Épire, par exemple, les perceptions de la population locale sont complètement différentes des conceptions écologiques prévalentes. Ce que la perception écologique définie comme amélioration du paysage et relance verte grâce au dépeuplement rural et la réduction de la pression anthropique sur l’environnement provoquée par l’exploitation agricole et l’élevage, les habitants de ces mêmes régions aperçoivent comme dégradation. Expressions telles que « paysage ravagé » ou « lieu sauvage » démontrent la perception de la société locale pour laquelle ce développement constitue plutôt de la désertification sociale et invasion de la nature sauvage à l’encontre de la culture régionale.

Réserves de biosphère

Une initiative conciliant la protection et la gestion de l’environnement avec le développement sociale et économique des sociétés locales sont les réserves de biosphère de l’UNESCO. Les réserves de biosphère sont des régions où on observe des écosystèmes précieux et des communautés souhaitant combiner la protection des écosystèmes avec leur utilisation durable et créer un rapport équilibré entre l’homme et la biosphère.

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À gauche : amna.gr. À droite : carte générale de la réserve de biosphère des Cyclades du Nord où apparaissent les projets éducatifs et scientifiques proposés. Source : Cleaner Production 2021.

L’intégration des Cyclades du Nord aux réserves de biosphère créera le cadre pour la promotion des programmes ayant comme objet la mise en œuvre des objectifs de la coalition pour une mer Méditerranée exemplaire en 2030, dont la Grèce assumera la présidence en 2023. Dans cette perspective, des possibilités exceptionnelles s’ouvrent pour les Cyclades, car celles-ci constituent une unité diversifiée qui combine richesse naturelle (12 sites Natura 2000) culture, histoire et activités humaines. Ces caractéristiques naturelles, culturelles, historiques et économiques sont parfaitement conformes aux objectives d’une réserve de biosphère (voire îles de Delos et Rineia, art du marbre sur l’île de Tinos, île de Yaros, etc.).

Cultures emblématiques – L’olivier

Les efforts grecques contre la crise climatique se concentrent, entre autres, sur politiques qui tentent une synthèse entre nature, culture et esprit d’entreprise dans le secteur agroalimentaire.

En tant que pays méditerranéen, la Grèce est particulièrement vulnérable au changement climatique. Le réchauffement climatique, la sécheresse, la fréquence accrue des incendies de forêts et la raréfaction de l’eau entraînent la diminution de la fertilité des sols et des récoltes faibles.

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Source : amna.gr

L’olivier a une valeur intemporelle pour les grecs car il est indissolublement lié avec leur vie. Il est un élément essentiel du paysage, source importante de revenus et d’inspiration artistique. En outre, il s’agit d’un arbre résistant à la pénurie d’eau qui peut conserver sa capacité productive sous conditions défavorables.

La culture de l’olivier couvre le 20 % des superficies cultivées en Grèce et contribue de manière significative à l’économie nationale. Elle pourrait aussi contribuer à la protection de l’environnement et même réduire les émissions de CO2 , à la stricte condition qu’elle suive des méthodes de culture traditionnelle, biologique, durable et respectueuse.

La crise climatique pourrait alors être la chance pour que l’huile d’olive grec soit reconnue à l’ échelle mondiale comme un produit de qualité suprême et le plus climatiquement neutre parmi ses compétiteurs.

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L.S.

 

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