Dimos Theos (1935-2018) est né à Karditsa le 10 octobre 1935 et s’est installé à Athènes en septembre 1953. Pendant plus de quinze ans, il a travaillé comme assistant-réalisateur dans des films de cinéma commercial en collaborant entre autres avec le cinéaste Costas Ferris, avec lequel il partagera par la suite un bon nombre d’expériences cinématographiques.
 
Premiers pas cinématographiques :  Kierion
 
Son premier travail en tant que metteur en scène est le documentaire de courte durée 100 heures de mai (1963), co-réalisé avec Fotos Lambrinos. Le film, constituant une production indépendante, décrit le contexte politique et socialau moment de l’assassinat du député de la gauche Grigoris Lambrakis (d’où le fameux film de Costa Gavras « »).
 
Ekato ores tou Mai 1963 100 heures de mai (1963)
 
En 1967, avant l’éclatement de la dictature  le 21 avril, Theos commence à réaliser son premier long métrage, Kierion. Ce film issu du noir, décrit la tentative d’un journaliste de trouver le véritable assassin d’un journaliste américain. Le thème du film fait référence au meurtre du journaliste George Polk en 1948 au moment de la guerre civile grecque.
 
Kierion collage
 Scènes du film Kierion.
 
Kierion est considéré comme l’un des premiers films politiques du cinéma grec qui inaugure le courant artistique appelé « Nouveau cinéma grec ».
 
A noter aussi que ce film emblématique a été financé, tourné et interprété par tous les jeunes cinéastes de l’époque, tels que Theodoros Angelopoulos, Costas Sfikas, Costas Ferris, Stavros Tornes, Tonia Marketaki, Giorgos Panousopoulos, Nikos Nikolaidis, Kostas Koutsomytis, Pantelis Voulgaris et autres.
 
Vlachos agelopoulos
 Anestis Vlachos (gauche) et Theodors Angelopoulos dans le film Kierion.  
 
La  dictature a mis fin à l’achèvement du film et Theos s’est échappé avec son matériel à Paris et puis en Angleterre, où les travaux d’un montage provisoire du film trouvent leur accomplissement.
 
La dictature interdit la projection du film en Grèce mais ceciest projeté dans des festivals étrangers, notamment au Festival international du film de Venise en 1968, où il avait reçu un prix spécial. De retour en Grèce en 1974, après la dictature, Theos réussit à compléter le film qui remporta le prix du meilleur film au 15ème festival du film grec de Thessalonique (septembre 1974) tandis que Theos lui-même reçoit la distinction du meilleur nouveau metteur en scène.
 
 Apo aristera Nikos Panagiotopouylos Giorgos Panousopoulos Dimos Theos
De gauche à droite: les cinéastes Nikos Panagiotopoulos, Giorgos Panousopoulos et Dimos Theos.
 
Autres films, documentaires et expérimentations
 
Le prochain long métrage de Theos, La Procédure (1976), une variante de l’histoire d’Antigone, marque un tournant vers un cinéma loin du cinéma conventionnel. Le film a été fortement hué par le public du 17ème Festival international du film de Thessalonique et a suscité une certaine perplexité parmi les critiques.
 
Diadikasia 1976
 La Procédure (1976).
 
Vient ensuite la participation de Theos à un bon nombre de films où il joue de petits rôles ou il travaille dans la production ou le montage. En 1983, il réalise le documentaire Un happening Surréaliste consacré au mouvement surréaliste en Grèce.
 
Le troisième long métrage de Theos est Captain Meitanos de 1987, qui adopte aussi un style narratif non conventionnel. Le caractère difficile du film a provoqué une forte réaction lors du 28ème festival de Thessalonique et Theos lui-même a été agressé à la fin de la projection. Le film a été diffusé en 1990 en tant que mini-série par la télévision publique (ERT).
 
Le dernier long métrage de Theos est Eleatis Xenos (1996), une version moderne du mythe d’Orphée et d’Eurydice. Theos a aussi tourné des documentaires et des séries documentaires  pour la télévision publique, il a écrit des articles pour des magazines cinématographiques et a publié le roman  Maniak Beis (1994).
 
En 2006, le Festival du film de Thessalonique a rendu hommage à Theos pour l’ensemble de son œuvre avec une projection rétrospective de ses films. Dimos Theos est mort le 28 octobre 2018, largement ignoré par le grand public mais en laissant son empreinte singulier sur l’histoire du cinéma grec.
 
Lire plus: Cinéma Grec & Dictature (1967-1974) de Fotos Lambrinos, 2013
A lire aussi via GrèceHebdo:  Lexique du Cinéma Grec 

M.V.

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