Né à Athènes en 1940, Pantelis Voulgaris fait partie d’une génération des cinéastes bien politisés, dont les films explorent le paysage politique et social de la Grèce contemporaine. Cette génération marque une rupture considérable par rapport à la génération des réalisateurs du cinéma commercial et constitue un nouveau courant cinématographique, connu sous le nom du “nouveau cinéma grec”.
 
Voulgaris, figure de proue de ce courant, débute en 1965 avec son court métrage, Le Voleur (O Kleftis), film d’un réalisme subtil et continu avec un deuxième, Tzimis Le Tigre (Tzimis o Tigris, 1967), qui lui attribue deux prix au festival international de Thessalonique.
 
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En 1972, son premier long métrage apparaît, intitulé Les Fiançailles d’Anna (To Proxenio tis Annas), qui connait un succès considérable au sein de la critique grecque et internationale et remporte des prix au festival de Thessalonique, ainsi qu’au festival de Berlin en 1973. Le film constitue un diagnostique fin des mœurs oppressives au sein de la famille moyenne grecque de l’époque, en présentant l’histoire d’une jeune fille domestique dont les patrons s’opposent farouchement à son mariage. Il vient après Happy Day (1977), qui porte sur le sujet délicat des prisonniers politiques de la gauche au cours de la guerre civile. Voulgaris parvient à mettre en lumière l’irrationalité des oppresseurs et la cruauté humaine.
 
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 Le film de Voulgaris le plus politiquement coloré est sans doute les Années de pierre (Ta Petrina Xronia, 1985), lauréat aux festivals de Thessalonique, de Vénice et de Valencia. Le film dresse le panorama de l’histoire politique grecque de la guerre civile (1946-1949) à la restauration de la démocratie en 1974, suite au septennat de la dictature militaire. Le film se concentre sur la micro-histoire d’un couple, les deux étant partisans de la gauche, persécutés pour leurs idées. L’évolution politique de la période pèse lourdement sur le couple, marqué par l’emprisonnement prolongé qui empêche une vie commune.
 
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Les films Le footballer au n° 9 (I Fanela me to 9, 1988 – vidéo) et Acropole (1996 – vidéo) illustrent la vie des ‘misérables’ derrière les lumières de deux mondes fascinants, celui du football professionnel et du théâtre musical. Avec Les jours tranquilles d’août (Isyches Meres tou Avgoustou, 1991 – vidéo) et Tout est route (Ola Einai Dromos, 1998 – vidéo), deux films particulièrement aimés par le public grec, Voulgaris touche au problème de l’identité et de la solitude de l’homme moderne, à travers des histoires simples, quotidiennes, qui mettent cependant les héros face à leurs démons personnels. Dans ces deux films, son protagoniste, Thanássis Véngos, le comédien archétypique du cinéma grec, démontre sa gamme extraordinaire en acteur dramatique, en nous offrant deux performances inoubliables (voir aussi Grèce Hebdo). 
 
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Plus récemment, Voulgaris a tourné le film Les Mariées (Nyfes, 2005 – vidéo), lauréat de nombreux prix internationaux. Le film traite une histoire d’amour qui se déploie ‘alors que l’Asie mineure est à feu et à sang et le “King Alexander” vogue vers New York. A son bord, 700 candidates à l’émigration. Elles n’ont dans leur petite valise que la photo d’un fiancé inconnu qu’elles épouseront dès leur arrivée et une pauvre robe de mariée.’
 
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Son dernier film, paru en 2009, L’âme profonde (Psychi Vathia – vidéo), retrouve les soucis politiques de sa jeunesse. Néanmoins, Voulgaris s’efforce de fournir cette fois, sans parti pris, un regard équilibré, mettant l’accent non sur la justification politique mais sur le drame personnel indépendamment des choix politiques. Voulgaris, toujours actif avec son œuvre abondante et riche en qualité, a déjà trouvé sa place parmi les meilleurs du “nouveau cinéma grec”.
 
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