« Tu marches dans un désert. Tu entends un oiseau chanter. Même si tu as du mal à croire à cet oiseau suspendu dans le désert, tu es obligé de lui préparer un arbre. Voilà ce que c’est que la poésie. » Kiki Dimoula, 2010
 
Kiki Dimoula, Photo par Michalis Anastasiou. Source: www.michalisanastasiou.com
 
Kiki Dimoula, qui s’est éteinte samedi 22 février 2020 à Athènes à l’âge de 89 ans, était une des plus importantes poétesses contemporaines grecques qui s’est imposée sur la scène poétique de son pays après les années 1980.
 
 
Née Kiki Radou à Athènes le juin 1931, Kiki Dimoula a publié son premier recueil en 1952 à l’âge de 21 ans, sous le titre Poèmes, et a depuis été largement publiée en Grèce et traduite en anglais, français, espagnol et en de nombreuses autres langues.
 
En 1949, elle est entrée à laBanque de Grèceoù elle a travaillé pendant vingt-cinq ans, et en 1954 elle épouse Athos Dimoulas, poète lui aussi, avec qui elle aura deux enfants.
 
En 1971, elle publie son cinquième recueil, Le peu du monde, qui lui vaut sa première reconnaissance officielle, le second prix d’État, et une large renommée.
Elle reçoit le premier prix d’État en 1989 pour Je te salue Jamais, puis le Prix Ouranis en 1994 pour L’adolescence de l’oubli. L’ensemble de son œuvre est couronné par l’Académie d’Athènes, dont elle devient membre en 2002.
 
Lauréate du prix européen de littérature en 2009, Dimoula a aussi reçu le Grand prix national de Grèce pour l’ensemble de sa carrière, deux prix nationaux grecs de poésie et le prix de l’Académie d’Athènes. 
 
Lors de son discours de réception du Prix Européen de Littérature, en 2010, Kiki Dimoula aura cette belle définition de la poésie : « Tu marches dans un désert. Tu entends un oiseau chanter. Même si tu as du mal à croire à cet oiseau suspendu dans le désert, tu es obligé de lui préparer un arbre. Voilà ce que c’est la poésie. »
 
books dimoula collage
 
La poésie de Dimoula
 
Le temps, l’absence, la mort, le néant sont les constances d’une thématique très noire, mais incarnée dans des scènes quotidiennes inattendues, éclairées par l’art de la métaphore et l’invention verbale.
 
Selon le traducteur Michel Volkovitch « les poèmes de Kiki Dimoula ne ressemblent à rien. Peu de poètes donnent cette impression de nouveauté radicale. Cela commence par ses sujets, si étranges — étranges à force de ne pas l’être, infimes le plus souvent, tirés du quotidien le plus banal. Un paysage sans histoire. La pluie. Le mouvement des vagues sur le rivage. Le vent dans les feuilles. Une goutte de sang. Un objet familier, bibelot, table basse, cassette audio, répondeur. »  Pour Volkovitch « chez Dimoula, le paradoxe est perpétuel — la mélancolie si noire et si lourde qui rôde sur ses pages est sans cesse relevée, allégée par un humour plus ou moins diffus, une espèce de vivacité guillerette »
 
Nikos Dimou, dans la préface du recueil de Kiki Dimoula publié chez Gallimard, Le Peu du monde suivi de Je te salue jamais, affirme : « Écrire sur la poésie de Kiki Dimoula est une tâche ardue, car c’est une poésie sans objet. Littéralement, la poésie de Dimoula est sans objet, car son objet c’est le néant. »  Pour Dimou, « l’unique thème de Dimoula, c’est le passage — progressif ou soudain — de l’être au non-être. Ce passage qui s’appelle temps, usure ou mort.»
 
Ses ouvrages sont traduits en anglais, italien, espagnol, allemand, bulgare, polonais et suédois.
 
Magdalini Varoucha | GreceHebdo.gr
 
anastasiou dimoula3
 Kiki Dimoula, Photo par Michalis Anastasiou. Source: www.michalisanastasiou.com
 
LIRE PLUS
– Discours de réception du Prix Européen de Littératurepar Kiki Dimoula, le 13 mars 2010 au Palais du Rhin à Strasbourg (traduction de Michel Volkovitch).
 
Traductions françaises:

Mon dernier corps, choix de textes, trad. Michel Volkovitch, Cahiers grecs, 1995.
Du peu du monde, choix de textes, trad. Martine Plateau-Zygounas, La Différence, 1995.
Anthologie de Kiki Dimoula, trad. Eurydice Trichon-Milsani, L’Harmattan, 2007.
Mon dernier corps, bilingue grec-français, traduit par Michel Volkovitch, Éditions Arfuyen, 2010.
Le peu du monde suivi de Je te salue Jamais, trad. Michel Volkovitch, coll. Poésie-Gallimard, 2010.
  
LIRE PLUS SUR GRECEHEBDO
 
anastasiou dimoula2
 Kiki Dimoula, Photo par Michalis Anastasiou. Source: www.michalisanastasiou.com

 

 
M.V.