Considéré comme le Dostoïevski de la littérature grecque, Georges Vizyinos, né à Bizye enThrace orientale en 1849, a fait des études à Chypre, Constantinople puis à Athènes avant d’aller étudier la psychologie en Allemagne. Par la suite, il se rend à Paris en 1882 et une année plus tard à Londres. La même année, il publie ses recueils de poésie et de nouvelles “Brises de l’Attique” et “Entre Pirée et Naples”.

Brises du Bosphore, un recueil de poésie écrit en 1876, a été reçu diversement à Athènes. La jeune génération d’intellectuels, Emmanuel Roïdis en tête, l’a fortement critiqué, le considérant prétentieux. 

‘’Le Péché de ma mère’’ (en grec ‘’ Το αμάρτημα της μητρός μου’’) est la première nouvelle de l’écrivain et a été publiée pour la première fois en 1883 dans le magazine “Estia”. Il s’agit d’une œuvre ayant une forte composante autobiographique. C’est un drame à la fois éthique et psychologique dont le personnage principal est tenu par la mère de l’écrivain alors que Vizyinos joue le rôle du narrateur de l’histoire. Le sujet se réfère aux efforts désespérés et vains de sa mère pour sauver sa fille malade qui finit par mourir et l’adoption successive de deux autres filles. Cette nouvelle a été qualifiée de novatrice pour son époque, l’une des plus importantes de la prose grecque. Influencé par les courants littéraires de l’Europe occidentale, il s’agit du premier récit grec moderne faisant référence au martyre psychique et à la conscience lourde, pénétrant en profondeur dans l’âme humaine. L’auteur raconte l’histoire avec fortement coloréé, avec humanité et immédiateté. Ces dernières années, la nouvelle a été transférée à plusieurs reprises sur la scène théâtrale grecque.

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En 1884, il publie une série de nouvelles (‘’Les Séquelles des amours anciennes’’, janvier 1884 dans Estia ; ‘’Le 1er Mai’’, mai 1884 dans Acropolis ; ‘’L’Unique Voyage de sa vie’’, juin-juillet 1884 dans Estia) et des ouvrages scientifiques. Cependant, il est toujours très mal accueilli par les cercles littéraires de la capitale grecque qui le trouvent trop arriviste et trop provincial. Il ne faut pas, pourtant, oublié que Vizyinos a été longtemps enfermé à l’hôpital psychiatrique ”Dromokaïtion”, de 1892 jusqu’à sa mort, en avril 1896. 

Chacun de textes de Vizyinos dénote un goût puissant pour l’introspection et une profondeur psychologique remarquable, alliés à une douce ironie. Ses nouvelles “écrites dans une langue savante et raffinée, séduisent par leur simplicité et leur fraîcheur, et elles constituent un voyage narratif dans le temps, où le détachement à l’œuvre de l’auteur atténue les douleurs anciennes.”

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Dans ses écrits, la narration n’est pas statique mais on y distingue une ‘’action dense’’ et des dialogues fréquents. Au centre de ses narrations, se trouve l’Homme. Et même si ses histoires se déroulent souvent dans un environnement naturel et campagnard, la nature, très souvent décrite dans ses écrits, reste peu éclairée.  

Il écrit souvent à la première personne car il semble qu’il a besoin d’une immédiateté d’expression et d’un moyen de participation émotionnelle. Son objectif n’est ni de donner sa propre autobiographie, ni de raconter les drames de sa famille, mais de présenter des œuvres qui arrivent à révéler une image du drame humain où le mythe, l’intrigue et les personnages se livrent au pouvoir du destin.

m.o.

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