Georges Cheimonas, neuropsychiatre de profession et considéré comme un des génies de la littérature grecque, est né à Kavala en Macédoine, en 1938. Il a fait des études de médecine à Thessalonique et Athènes et de neuropsychiatrie à Paris. A partir de 1967 il a travaillé comme neuropsychiatre à Athènes.
 
Selon Michel Volkovitch, son traducteur en français, Cheimonas aimait son métier mais l’écriture a dévoré sa vie. Pourtant il n’a laissé qu’une quinzaine de petits volumes, dont neuf brefs récits. Il a fait son apparition dans la scène littéraire grecque en 1960, avec ‘Peisistratos’, publié et primé à Thessalonique, gagnant le prix de littérature de la ville. En 1985, il a remporté avec ‘Mes Voyages’ le premier prix national grec du récit. En français sont également apparus ‘le docteur Ineòtis’, ‘Roman’, la trilogie ‘Le mariage – Le frère – Les bâtisseurs’ et un volume rassemblant ‘Mes voyages’ et ‘L’ennemi du poète’.

ennemiL’œuvre de Cheimonas échappe aux stéréotypes et peut difficilement être décrite en quelques mots. Il tente de supprimer l’intrigue et d’ignorer le temps. Le chaos règne dans son oeuvre où les idées centrales tournent autour de la mort et de l’amour. Selon une critique, il a une approche de la mort totalement nihiliste, car il ne veut rien en savoir et ne l’accepte tout simplement pas. Ses écrits, fondés sur la relation avec la mère, la sœur ou le frère, tentent une recherche psychanalytique des aspects internes de la conscience. Ils sont poétiques, avec une obsession de l’art et de l’âme et se distinguent par leur écriture moderne ainsi que par des éléments empruntés de l’anti-roman (comme l’écriture plate et l’absence de dialogues). 
 
Pour Volkovitch, la lecture de Cheimonas est un choc. ‘‘On y trouve moins un récit qu’un tourbillon d’histoires ou de fragments d’histoires, où des personnages monstrueux subissent de cruelles métamorphoses, où espace et temps semblent devenus fous : on peut être dans plusieurs lieux ou plusieurs époques à la fois ; un fils peut engendrer sa mère. Le langage est lui-même brisé, les phrases inachevées, béantes, ressassées.’’

Georges Cheimonas est décédé en 2000 à Paris où il a passé les dernières années de sa vie.