La célébration du cinquantième anniversaire de l’Ecole Suisse d’Archéologie en Grèce (ESAG), a eu lieu il y a une semaine au Musée de l’Acropole d’Athènes, en présence du chef de l’Etat grec Karolos Papoulias et de l’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin, président de la fondation de l’ESAG. L’archéologue Karl Reber, professeur à l’Université de Lausanne et directeur de l’Ecole, a retracé l’histoire des fouilles à Erétrie, grand port commercial de l’Antiquité en rivalité permanente avec la cité d´Athènes. Il a aussi constaté que l’île d’Eubée οù se situe Erétrie fut aussi le point de rencontre entre les grands négociants grecs et leurs homologues phéniciens, par lesquels ils importèrent, entre autres, les techniques d’écriture vers le VIIIe siècle avant J.-C. L’événement culturel a été suivi par un colloque organisé aussi au Musée de l’Acropole vendredi dernier, en présence de spécialistes internationaux dont le meilleur connaisseur grec de l’Acropole, le professeur Manolis Korres. 
Erétrie, située à une heure et demie de voiture d’Athènes, sur l’île d’Eubée, n’est pas, sur la carte archéologique de la Grèce, un site aussi connu qu’Olympie ou Delphes. Mais les fouilles helvétiques, entreprises à partir de 1964 sur ce site où officiaient auparavant des archéologues grecs et américains, ont contribué à ressortir cette ville et son environnement immédiat de l’oubli. La découverte, par le professeur genevois Pierre Ducrey, de superbes mosaïques ornant des villas patriciennes, a permis de dessiner les contours de la société de l’époque. «Les ruines exhumées des maisons démontrent que sur cette île, les hommes recevaient et débattaient entre eux, cantonnant alors les femmes dans une plus petite partie de leurs demeures», poursuit le professeur Reber. Une exposition des objets exhumés à Erétrie a été organisée au Musée National d’Archéologie en 2010. Une nouvelle fouille de l’Ecole suisse concerne, à une douzaine de kilomètres à l’est d’Erétrie, la recherche du fameux temple d’Artemis, mentionné par Strabon, le grand géographe grec de l’Antiquité. Une nouvelle zone de fouilles sur le site de Amarynthos est donc en cours et a déjà permis de dégager ce qui pourrait être l’un des portiques d’entrée du fameux temple. La confirmation de cette découverte serait une sorte de «Graal» archéologique qui porterait haut la renommée des chercheurs helvétiques. 

À l’occasion de ces célébrations se rendra aussi en Grèce le Planet Solar, navire suisse, considéré comme le plus grand catamaran au monde fonctionnant avec énergie solaire.
Bateau emblématique du XXIe siècle et symbole d’une technologie d’avenir, le catamaran se met en quête du passé, à l’occasion d’une étude qui amènera peut-être à réécrire l’histoire des premiers bateaux.

Le navire sera principalement utilisé pour prendre des mesures géophysiques, permettant aux chercheurs de dresser une topographie des zones côtières anciennes et de repérer d’éventuelles traces d’activité humaine. L’ Alkyon, un bateau du Centre hellénique de recherche maritime, sera également mis à contribution pour ces travaux, qui seront réalisés à l’aide d’un équipement de pointe (échosondeur à multifaisceaux, sonar à balayage latéral, GPS, etc.). Des fouilles subaquatiques seront ensuite menées par des plongeurs, grâce à un aspirateur hydraulique alimenté en surface par une motopompe. Ces travaux de recherche seront précédés de trois escales, à partir du 1er août: Erétrie, Athènes et Nauplie. A chaque étape, des événements seront organisés pour le grand et le jeune public (déjeuners, visites, rencontres exclusives, etc.). Les deux semaines suivantes seront dédiées exclusivement à la recherche scientifique.

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